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trique, et par conséquent le signe distinctif qu’il prétend établir entre elles est loin d’être aussi rigoureux et aussi absolu qu’il le soutient. Duchenne de Boulogne, ainsi que Brierre de Boismont, ont donc décrit, comme paralysie générale sans aliénation, des faits de paralysie atrophique, avec diminution de la contractilité électrique, qui diffèrent sous tous les rapports de la paralysie des aliénés et qui pourraient s’en distinguer facilement par tous les autres symptômes et par leur marche, indépendamment du signe différentiel qu’ils ont cherché à faire prévaloir. Mais ce qu’il est essentiel de bien faire ressortir, c’est que ces deux médecins, en donnant la diminution de la contractilité électrique comme signe pathognomonique de la paralysie sans aliénation, ont exclu par cela même du cadre de cette affection toutes les paralysies sans délire sur lesquelles existait préalablement la discussion, les seules qui soient réellement difficiles à distinguer, par l’ensemble de leurs symptômes, de la paralysie des aliénés. On peut donc dire avec vérité que leur criterium n’est applicable qu’aux faits où le diagnostic ne présente aucun embarras, et que, dans les cas difficiles, délicats, il cesse de pouvoir rendre des services. Ces auteurs affirment en effet que toutes les paralysies sans délire, avec conservation de la contractilité électrique, aboutissent tôt ou tard à l’aliénation, c’est-à-dire qu’ils tranchent la question en litige sans la résoudre.

Que faut-il conclure de l’examen des opinions si diverses que nous venons de passer en revue ? Nous concluons que la confusion la plus grande règne aujourd’hui dans la science relativement aux faits groupés artificiellement sous une même dénomination, et qu’il importe d’établir des distinctions, si l’on veut aboutir à quelques résultats pratiques, sous le rapport du diagnostic comme sous celui du pronostic et du traitement.

La cause principale de ces confusions nous paraît résider dans l’idée qu’on se fait généralement de la paralysie des aliénés, maladie qui a servi de point de départ à l’étude de la paralysie progressive, et qui est encore aujourd’hui le terme de comparaison pour les divers faits qu’on décrit sous le nom de paralysie générale. On s’imagine habituellement que la paralysie des aliénés est une véritable paralysie, analogue à celles qui sont produites par des affections