Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

principale de la discussion qui existe sous ce rapport entre Sandras et Duchenne de Boulogne.

Ce dernier auteur à son tour a décrit la paralysie générale sans aliénation, qu’il appelle spinale, et sa description, qui se rapproche de celle de Brierre de Boismont, diffère totalement de celle des autres auteurs, et en particulier de Sandras. Cela tient à ce qu’il ne prend en considération, pour déterminer cette nouvelle unité morbide, que la manière dont elle se comporte vis-à-vis de l’électrisation localisée. Il élimine, en conséquence, tous les faits qui présentent la conservation de la contractilité électrique et n’y fait figurer que ceux dans lesquels on constate une diminution de cette propriété. Les observations sur lesquelles Duchenne fait reposer cette paralysie spinale sont peu nombreuses, et jusqu’à présent elle ne paraît pas encore avoir acquis droit de cité dans la science. Ce qu’il importe ici seulement de constater, ce sont les deux points suivants : d’abord, Duchenne ne désigne pas sous le nom de paralysie générale sans aliénation la même maladie que Sandras et les autres auteurs ; en second lieu, malgré la protestation énergique de Duchenne, les faits qu’il décrit sous ce nom nous paraissent se rapprocher singulièrement de ceux qu’Aran et Cruveilhier ont rapportés à l’atrophie musculaire progressive. Duchenne établit deux caractères principaux pour séparer cette paralysie atrophique spinale de l’atrophie musculaire progressive :

« 1oDans la paralysie spinale, dit-il, la contractilité électrique est diminuée ou abolie ; dans l’atrophie musculaire, au contraire, elle est conservée tant qu’il existe encore une fibre musculaire.

« 2oDans l’atrophie progressive, l’altération de structure des muscles précède l’abolition du mouvement, tandis que c’est l’inverse dans la paralysie spinale. » À ces caractères principaux, il ajoute que, dans la paralysie spinale, l’affaiblissement musculaire semble frapper à la fois toute une région, tandis que, dans l’autre maladie, l’atrophie atteint isolément et capricieusement certains muscles d’une région, tout en respectant les muscles voisins ; enfin, la paralysie spinale paraît débuter en général par les membres inférieurs tandis que l’atrophie musculaire commence presque toujours par les membres supérieurs.

L’atrophie musculaire progressive, ainsi que la paralysie spinale