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Que voyons-nous, par exemple, parmi les auteurs que nous avons cités précédemment ?

Lunier rapporte, comme exemples de paralysie générale progressive, des faits qui diffèrent singulièrement les uns des autres ; plusieurs d’entre eux devraient plutôt figurer parmi les paralysies alcooliques, ou être attribués à diverses maladies cérébrales, telles que l’apoplexie, le ramollissement ou l’hydrocéphalie chronique, qu’être rangés parmi les paralysies progressives ; les autres au contraire sont de véritables paralysies des aliénés débutant par les symptômes paralytiques. Et c’est sur une pareille réunion de faits que cet auteur fait reposer la description d’une espèce morbide !

M. Baillarger, qui exclut de l’histoire de la paralysie générale un plus grand nombre de faits dissemblables que les autres auteurs, et dont le diagnostic différentiel est ainsi plus précis et plus rigoureux, confond néanmoins, à dessein, avec la paralysie des aliénés diverses maladies qui mériteraient, selon nous, d’en être séparées, telles que le tremblement des vieillards, les apoplexies et les ramollissements anciens, l’hydrocéphalie chronique, etc. Ces éléments étrangers donnent au tableau qu’il trace de la paralysie des aliénés un cachet particulier qui le fait différer sous plusieurs rapports de celui tracé par les autres médecins aliénistes.

Brierre de Boismont fait figurer dans sa description de la paralysie progressive tout à la fois des faits de paralysie des aliénés, débutant sans délire, et des cas de paralysie atrophique, avec diminution de la contractilité électrique, qu’on ne peut songer à comparer à la paralysie des aliénés, tant ils en diffèrent sous tous les rapports, même en dehors du signe différentiel emprunté à la galvanisation.

Sandras, tout en admettant que la paralysie progressive est un type générique renfermant des faits de cause et de nature très diverses, fait néanmoins une description uniforme et très détaillée de ce qu’il appelle la paralysie générale sans aliénation, par opposition à la paralysie des aliénés, dont il abandonne l’étude aux aliénistes. Cette description renferme certainement un grand nombre de traits intéressants que personne jusqu’ici n’avait réunis en aussi grand nombre ; mais elle nous paraît pécher par la base, puisqu’elle comprend, de l’aveu même de l’auteur, les faits les plus