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tandis que, dans la paralysie sans aliénation, elle est diminuée ou abolie dans un certain nombre de muscles.

Cette manière de voir, contredite par Sandras, repose encore sur un trop petit nombre d’observations pour pouvoir être admise sans conteste dans la science. Mais il importe de constater que de l’apparition de ce moyen de diagnostic, basé sur l’électricité, date une nouvelle phase dans l’histoire de l’affection qui nous occupe ; car, à la faveur de ce nouveau mode d’exploration, Brierre de Boismont et Duchenne de Boulogne ont introduit dans cette question, déjà si complexe, un nouvel élément qui n’y avait pas encore figuré jusque-là, celui des paralysies générales atrophiques ; or, sous peine de tomber dans une confusion inextricable, il faut nécessairement éliminer cette nouvelle série de faits et distinguer ces paralysies atrophiques des cas admis jusque-là par tous les auteurs, et par Brierre de Boismont lui-même, comme exemples de paralysie générale sans aliénation.

Au milieu de cette divergence d’opinions, que penser de l’existence de la paralysie générale sans délire et des différences qu’elle présente avec celle des aliénés ? À l’observation ultérieure seule il appartient de trancher définitivement cette question. La plupart des médecins qui exercent dans les hôpitaux, ou même dans la pratique civile, affirment avoir observé et suivi, pendant plusieurs années, des malades présentant un affaiblissement musculaire général avec embarras de la parole et dont l’intelligence n’était nullement troublée. Une pareille observation collective, renouvelée dans des conditions si diverses, est certainement très respectable et mérite d’être prise en considération ; mais il est impossible aussi de ne pas tenir grand compte de son observation personnelle, faite sans idées préconçues. Or, lorsqu’un médecin aliéniste, ayant l’habitude de constater les plus légères altérations de l’intelligence et du caractère, vient à observer un de ces malades qu’on lui présente comme exemple de paralysie générale sans délire, il est rare qu’il ne découvre pas chez lui quelque trace d’affaiblissement ou de désordre intellectuel qui lui permette de pronostiquer l’apparition prochaine d’un délire mieux caractérisé. Il est sans doute quelques cas où l’intelligence paraît dans un état d’intégrité parfaite (j’y reviendrai tout à l’heure avec détails) ; mais, le plus souvent, on ne saurait le nier, le