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de paralysie générale sans délire, observés en dehors des asiles d’aliénés ; il soutint que le léger trouble de l’intelligence constaté chez ces malades était le prélude et l’indice assuré du désordre qui surviendrait ultérieurement dans leur esprit. Cependant, quelques mois après, convaincu par l’examen direct de ces malades, il revint sur ce que sa première opinion avait de trop absolu, et reconnut l’existence de paralysies générales sans aliénation ; seulement, il chercha à démontrer que ces paralytiques différaient, sous plusieurs rapports, des aliénés atteints de paralysie générale, qu’ils ne devaient pas être confondus avec eux, et qu’ils devaient au contraire former une classe particulière sous le nom de paralysie générale sans aliénation.

À la même époque, Sandras[1] établissait également, par des observations recueillies dans son service de l’hôpital Beaujon, qu’il existait des paralysies générales sans délire, lesquelles devaient être distinguées de la paralysie des aliénés, attendu qu’elles étaient souvent susceptibles de guérison, ou bien qu’elles pouvaient se prolonger pendant plusieurs années sans altération aucune de l’intelligence ; Sandras cherchait alors à donner une description spéciale de cette paralysie progressive, description qu’il a depuis considérablement développée[2].

La question de la paralysie générale sans délire en était arrivée à ce point, lorsque Duchenne (de Boulogne)[3] et Brierre de Boismont, se livrant à des expériences comparatives sur l’état de la contractilité électrique chez les aliénés paralytiques et chez un certain nombre de paralytiques sans délire, observés dans les hôpitaux, crurent pouvoir poser en principe : que l’état de la contractilité électrique chez les divers malades atteints de paralysie générale pouvait fournir un moyen certain de diagnostic pour déterminer si le malade soumis à l’observation resterait exempt de trouble de l’intelligence, ou si le délire surviendrait ultérieurement ; ils arrivèrent en effet à cette conclusion : Dans la paralysie générale des aliénés, la contractilité électrique reste intacte jusqu’à la mort,

  1. Sandras, Bulletin de thérapeutique, 1848, et Union médicale, 1850-51.
  2. Sandras, Traité des maladies nerveuses, t. II, 1851.
  3. Duchenne (de Boulogne), De l’Électrisation localisée ; Paris, 1855.