Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Paris, ainsi que dans la pratique civile, quelques cas de paralysie générale incomplète, analogues à ceux dont on n’avait jusque-là rencontré des exemples que chez les aliénés.

D’un autre côté, Baillarger, recherchant avec plus de soin les antécédents des aliénés paralytiques, arrivait à se convaincre que, chez ces malades, la paralysie précédait le plus souvent le développement du délire, contrairement à l’avis de tous ses prédécesseurs. Dans une de ses leçons[1], cet auteur admit que la paralysie était, dans cette affection, le phénomène primitif et principal, tandis que le délire n’était que secondaire, survenait ordinairement après la paralysie, pouvait même disparaître pendant le cours de la maladie, et que par conséquent la paralysie générale devait être séparée de la folie pour constituer une maladie distincte et indépendante. M. Baillarger développa de nouveau cette thèse dans divers articles[2].

Lunier vint à son tour[3] apporter à cette opinion l’appui d’un certain nombre d’observations recueillies dans les hôpitaux de Paris. Dans ces observations, il constata l’existence d’une paralysie générale incomplète, semblable à celle des aliénés, qui existait depuis plusieurs années, sans que le délire se fût manifesté, ou du moins qui ne s’accompagnait que de très légères traces de démence ou d’affaiblissement de l’intelligence ; il en conclut, comme M. Baillarger, que la paralysie générale des aliénés, qu’il préférait appeler progressive, pouvait exister pendant plusieurs années sans être accompagnée du trouble des facultés intellectuelles, que ce trouble consistait le plus souvent dans un simple affaiblissement, et non dans un délire caractérisé, que par conséquent cette affection devait être séparée de la folie, et former ainsi une maladie à part.

Brierre de Boismont[4] contesta d’abord l’existence de ces faits

  1. Baillarger, Gazette des hôpitaux, 1846.
  2. Baillarger, Notes et leçons sur la paralysie générale (Ann. méd.-psychol., t. VIII, p. 421 et suiv., 1846 ; t. IX, p. 331, 1847, et 2e série, t. V, 1853).
  3. Lunier, Recherches sur la paralysie générale progressive (Annales médico-psychologigues, 1849).
  4. Brierre de Boismont, Recherches sur l’identité des paralysies générales progressives (Ann. médico-psychologiques, 2e série, t. III, p. 177, 1851 ; et Supplément au Dictionnaire des dictionnaires, par A. Tardieu, 1851, art. Paralysie générale progressive).