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IV

DES DIVERSES PARALYSIES GÉNÉRALES[1]

― 1855 —

La paralysie générale, d’abord exclusivement étudiée par les aliénistes, fixe aujourd’hui l’attention de tous les médecins. Existe-t-il plusieurs espèces de paralysie générale ou n’en existe-t-il qu’une seule ? Observe-ton des paralysies générales sans délire, et celles qui présentent du délire débutent-elles par le trouble de l’intelligence ou par le trouble de la motilité ? Telles sont les questions principales que chacun pose, qui sont devenues l’objet de discussions nombreuses et qui sont encore loin d’être complètement résolues. Les faits publiés sont trop peu nombreux pour permettre, dans l’état actuel de la science, de formuler une conclusion définitive. Mais des éléments assez variés ont été produits, des opinions assez divergentes ont été émises, pour qu’il soit utile de les discuter, et de chercher à préciser les termes de la discussion.

Un court historique est indispensable avant de se livrer à cet examen.

Les premières études sur la paralysie générale ne remontent pas au delà du commencement de ce siècle. Signalée par Haslam, en 1798, cette maladie fut d’abord observée avec soin, à Charenton, par Royer-Collard et ses élèves, et décrite pour la première fois par Bayle, en 1822, sous le nom de méningite chronique. Depuis, Delaye en fit également l’objet de sa dissertation inaugurale, en 1824, sous le titre de Paralysie générale incomplète ; enfin, parurent, en 1825 et 1826, les deux ouvrages importants de Bayle et Calmeil, le premier intitulé, Traité des maladies du cerveau et de ses membranes, t. I, maladies mentales, et le second, De la para-

  1. Extrait des Archives générales de Médecine, février 1855.