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c’est avec beaucoup de peine, en s’appuyant sur les murs ou sur une canne, et en tremblant et en oscillant à chaque pas ; il ne se sent nullement solide sur ses jambes, et ne peut consentir à abandonner un point d’appui, de crainte de tomber. Cependant à l’aide des précautions qu’il prend, il n’est pas tombé pendant tout son séjour à l’hôpital ; mais sa marche est vacillante, la jambe gauche est peut-être un peu plus faible que la droite : les jambes sont très amaigries, mais non véritablement atrophiées.

La sensibilité paraît amoindrie, surtout du côté gauche du corps, quand on le pince ; la jambe gauche est plus engourdie que la droite, le bras gauche est moins sensible que le reste du corps. Le malade indique lui-même une région du côté gauche, au niveau de la hanche et du grand trochanter, où la sensibilité est en effet très obtuse. Il éprouve, surtout la nuit, des crampes et des secousses, ou contractions involontaires, dans les bras et les jambes. L’irritabilité électrique est normale.

L’intelligence est saine, et ne paraît même pas présenter de traces appréciables de débilité : peut-être cependant est-elle moins lucide et moins nette dans certains moments que dans d’autres. Il apprécie bien sa position et son avenir ; sa mémoire paraît assez bonne, quoique sa femme prétende qu’elle est un peu affaiblie. Il n’y a d’ailleurs rien d’important à noter dans l’état des autres fonctions, si ce n’est que ce malade est maigre, et présente une coloration jaunâtre, presque cachectique, de la peau, tout en étant dans un état de santé assez satisfaisant. Son appétit est excellent, et souvent même il a faim pendant la nuit. Habituellement constipé, il a été atteint deux ou trois fois de diarrhée. Quelquefois il éprouve de la difficulté à uriner, ne peut y arriver qu’avec peine, et éprouve des douleurs pendant la miction ; quelquefois enfin il semble avoir un peu d’incontinence d’urine. Un dernier fait important à noter, c’est un état d’insomnie habituelle ; depuis longtemps il ne dort presque jamais. Pendant les trois mois de son séjour à l’hôpital, l’état de ce malade ne s’est guère modifié, quoiqu’il prétendît être amélioré à l’époque de sa sortie, qui eut lieu le 21 décembre 1851. Je n’ai pas eu occasion de revoir ce malade, depuis cette époque. Je suis ainsi privé des moyens d’apprécier la nature du fait qui auraient pu résulter de la marche ultérieure de la maladie.