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eu de paralysie latérale de la face. Malgré l’augmentation progressive de ces phénomènes paralytiques, il a néanmoins continué à travailler, pendant très longtemps encore, après le premier début de sa maladie, puisqu’il n’a cessé son travail qu’il y a trois ans environ.

Depuis plusieurs années, sa vue s’est affaiblie, mais on prétend qu’elle s’est affaiblie également des deux côtés. Il se plaignait souvent de voir les objets doubles, et, par exemple, de voir deux fois la même ligne quand il voulait lire ; pour éviter cet inconvénient, il cherchait à fermer l’un de ses yeux avec la main. Il y a déjà longtemps qu’on a remarqué que ses pupilles n’étaient pas égales des deux côtés.

C’est il y a environ trois ans que son état a empiré, surtout la paralysie des jambes, et qu’il a été obligé de cesser son travail. Depuis deux ans, la paralysie de la langue est devenue plus saillante, au point que les étrangers ne pouvaient presque plus le comprendre, et que ses parents seuls, habitués à sa manière de parler, savaient ce qu’il voulait dire. Vers cette époque, il fut soigné par un médecin qui attribua sa maladie au plomb, lui fit prendre de nombreux purgatifs, et s’informa, à plusieurs reprises, s’il n’avait pas eu des attaques d’épilepsie.

Depuis environ un an, son état s’est encore beaucoup aggravé. Il laissait échapper tous les objets qu’il tenait dans ses mains, ne pouvait presque plus marcher, et se laissait souvent tomber par suite du plus simple obstacle qu’il rencontrait sur son passage ; aussi restait-il généralement assis dans la maison, allait et venait de temps en temps dans l’intérieur, mais se décidait difficilement à descendre l’escalier. Il se tourmentait beaucoup de son état dont il a toujours eu parfaitement conscience.

Son intelligence n’a jamais été réellement troublée. Il ne s’est livré à aucun acte extraordinaire, a toujours su parfaitement ce qu’il faisait, a toujours très bien reconnu tout le monde, et n’a pas même eu de moments d’absence. On ne peut donc pas dire qu’il ait présenté de véritable délire. Je dois ajouter seulement qu’à force de multiplier les questions dans ce sens, je suis parvenu à savoir des parents que, de temps en temps, il présentait une sorte d’obscurcissement passager dans les idées, tandis que dans d’autres instants,