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ments, et les masséters paraissent aussi forts qu’auparavant. La langue n’est nullement déviée et ne tremble pas ; il n’y a pas d’embarras de la parole. Le malade dit lui-même qu’il parle comme autrefois. En effet, on ne constate ni bégayement, ni hésitation, ni même arrêt dans sa prononciation. Il y a un mois environ, il dit avoir éprouvé des douleurs et des fourmillements dans la partie postérieure du cou et de la tête, douleurs qui se sont dissipées au bout de huit jours, sous l’influence des frictions. La respiration n’est jamais gênée ; il mange trois portions. À l’époque de son entrée à l’hôpital, l’appétit avait un peu diminué, mais il a repris depuis. Les érections ont cessé un mois avant son entrée. Il n’a jamais laissé écouler involontairement ni ses urines ni ses matières fécales.

L’intelligence est aussi intacte que possible ; elle est nette, vive, en un mot tout à fait normale. Il n’a ni lenteur ni difficulté de compréhension ; il répond très bien à toutes les questions et n’a pas du tout perdu la mémoire. Il se rappelle même exactement les dates de tous les faits. La sensibilité de la peau paraît intacte ; je lui pince faiblement les bras, il dit qu’il sent très bien et même que je lui fais mal. Cependant, il prétend que pendant le premier mois de son séjour à l’hôpital, on lui pinçait et on lui piquait les bras et les jambes, et qu’il ne sentait que faiblement ; aussi se trouve-t-il beaucoup mieux sous ce rapport. On l’a traité par la noix vomique et l’électricité, et il semble exister, au dire du malade, une certaine amélioration dans son état depuis son entrée à l’hôpital.

Le 5 avril 1852, ce malade est encore à la Charité, dans le même service et au même lit. Il se trouve amélioré en ce sens qu’il peut lui-même se retourner dans son lit, se mettre sur son séant, sans être soutenu par les mains, et qu’il peut avec ses bras fléchir ses jambes sur le tronc, sans le secours d’un aide. Il mange quatre portions. La langue et l’intelligence sont toujours intactes. Il trouve ses bras améliorés, puisque, pour manger, il était obligé de soutenir une main avec l’autre, tandis que maintenant, quoique ayant toujours les mains pendantes, et ne pouvant pas les relever du tout, il parvient à manger en se servant de la main gauche, avec laquelle il est plus adroit qu’avec l’autre, quoiqu’il fut droitier avant sa maladie ; cependant, il n’y a pas de différence appréciable, dans les mouvements des avant-bras ou des bras, à droite ou à gauche.