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maladif, sans attaque ni perte de connaissance d’aucune espèce. Il pouvait encore, à cette époque, couper son pain lui-même, mais déjà avec difficulté. Il ne s’était pas senti malade, du reste, et prenait cet état pour de la fatigue ; il ressentait d’ailleurs des douleurs dans les deux épaules, dans les bras, dans les mollets, dans les cuisses, puis successivement de bas en haut jusque dans les fesses, mais il les comparaît à des lassitudes. Il n’a pas éprouvé de vomissements et n’a jamais eu la langue embarrassée. Entré à l’hôpital à la fin d’octobre, il a été obligé de se faire apporter sur un brancard ; il pouvait encore marcher un peu, à la condition d’être soutenu, mais il ne pouvait pas monter les escaliers. Ses bras étaient très faibles ; les mains n’étaient pas pendantes encore comme actuellement, mais elles commençaient à ne pas pouvoir se relever facilement. Le jour de son entrée, l’interne du service a constaté qu’il serrait encore, mais difficilement avec les deux mains. Pendant les quinze premiers jours de son séjour à l’hôpital, il a encore marché, soutenu par deux hommes, mais ensuite on a été obligé de le porter. Au bout de six semaines ou deux mois de séjour, la paralysie des bras avait également augmenté, au point que c’était à peine s’il pouvait manger seul, même en soutenant une main avec l’autre. Les muscles, qui n’étaient d’abord incomplètement paralysés qu’aux extrémités, se sont successivement et progressivement affaiblis de l’extrémité des orteils au tronc et des mains à l’épaule.

État actuel. Ce malade reste constamment couché ; il parvient avec peine à soulever ses deux bras, les fléchit assez facilement, peut même les porter jusqu’à sa bouche pour manger (ce qu’il dit ne pouvoir faire que depuis quinze jours), mais ses deux mains sont pendantes, comme dans les paralysies saturnines. Les orteils sont également fléchis, surtout ceux du pied gauche, qui est tourné en dedans. Il y a atrophie évidente des muscles des membres et maigreur très prononcée de tout le corps. La peau est presque accolée aux os. Il dit avoir beaucoup maigri, avoir pesé 130 livres et ne peser actuellement que 80. D’ailleurs, pas de maux de tête, la vue n’est pas affaiblie, les pupilles sont un peu dilatées, mais égales. Il entend bien ; il n’a jamais ressenti aucun phénomène maladif dans la face, dont les muscles ne paraissent ni atrophiés ni affaiblis. Il n’éprouve aucune difficulté à manger, à broyer et à avaler les ali-