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excessif des lèvres, hésitation très prononcée de la parole. Le malade a parfaitement conscience de son état de paralysie, raconte lui-même les divers détails de sa maladie depuis son origine, précise même bien les dates, sait dans quel mois, dans quelle année l’on est et sait qu’on va le conduire à Bicêtre. La mémoire ne paraît donc pas sensiblement affaiblie ; cependant pour certains faits, il y a confusion dans ses souvenirs. Quant à son intelligence, elle est un peu lente ; mais elle n’est pas confuse, et en l’interrogeant dans diverses directions, je ne puis constater ni délire ni même aucun trouble dans ses idées : il apprécie bien son état malheureux de fortune, sans toutefois s’en affliger outre mesure. Je ne puis constater chez lui aucune idée d’achat, de voyage, d’entreprise, de fortune à venir, etc. ; il dit ne posséder aucun talent particulier, ne se vante sous aucun rapport, et dit que s’il guérit, il tâchera d’entrer dans un bureau pour gagner sa vie.

Il se plaint encore de céphalalgie, dont il indique le siège sur les parties latérales et postérieures, et non au sommet de la tête. Sa vue est un peu affaiblie, à ce qu’il prétend ; mais il y voit encore assez bien et également des deux yeux. La pupille droite est très dilatée ; la gauche, quoique plus petite, est également plutôt dilatée que contractée. Le tremblement des lèvres et des joues est très marqué, continuel, même quand il ne parle pas ; la langue dévie un peu vers la droite quand il la sort de la bouche, et tremble beaucoup plus que chez les aliénés paralytiques ordinaires ; la parole est également très hésitante et tremblotante, comme chez les aliénés paralytiques très avancés.

Le côté droit est plus faible que le gauche ; le malade serre moins bien avec la main droite qu’avec la gauche ; la jambe droite soutient aussi moins bien le poids du corps que celle du côté opposé : il y a donc hémiplégie incomplète à droite, comme l’indiquent d’ailleurs la déviation de la langue de ce côté, l’inclinaison légère de la commissure labiale, et la dilatation de la pupille du même côté. Le malade n’a pas été examiné au point de vue de la sensibilité et de l’irritabilité électrique ; il se plaint de douleurs dans les reins, le long de l’épine dorsale, accuse des fourmillements dans les jambes, et ne présente pas d’incontinence d’urine ; il ne gâte pas non plus, et il marche encore, mais avec difficulté.