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deur ou une sorte de contracture dans les bras, dont on ne précise pas le siège d’un côté plutôt que de l’autre. Tous ces phénomènes auxquels s’est jointe ensuite une faiblesse musculaire générale, ont augmenté peu à peu, et ce ne serait qu’un an après, c’est-à-dire il y a deux ans environ, au dire de la femme, que l’embarras de la parole aurait commencé à être appréciable. Le malade, au contraire, prétend que tous les symptômes sont survenus à la même époque ; mais sa mémoire, quoique assez précise pour certains faits, étant évidemment infidèle sur certains autres, on ne peut y avoir une entière confiance. Le malade insiste beaucoup sur une espèce de tourbillonnement qu’il doit avoir éprouvé depuis le commencement de sa maladie, et qui le forçait à tourner sur lui-même ; il prétend aussi être tombé deux ou trois fois sans connaissance au commencement de sa maladie ; sa femme prétend, au contraire, que cet accident ne lui est arrivé qu’une seule fois, et cela il y a trois semaines. Quoi qu’il en soit, sa femme affirme n’avoir jamais observé chez lui à aucune période de sa maladie, de trouble de l’intelligence, d’idée bizarre, d’acte déraisonnable, à plus forte raison d’idée de grandeur. Elle prétend qu’il n’a jamais donné aucun signe de folie. Seulement son intelligence, qui n’a jamais été très forte, est devenue alourdie, engourdie ; il dormait souvent, était inactif et lent en toutes choses ; mais sa mémoire était assez bien conservée. La seule idée un peu extraordinaire qu’on ait remarquée est la suivante : ayant été chargé de vendre de vieux papiers, il en offrit la moitié à deux marchands différents, et l’un d’eux lui ayant beaucoup moins proposé que l’autre, il voulait citer le premier devant le commissaire de police, comme ayant voulu le tromper. Il n’a jamais eu d’incontinence d’urine ni de matières fécales. Il y a dix-huit mois, il était encore en état de se livrer à l’acte vénérien, et il eut même un enfant. Depuis huit ou dix mois, il n’a plus d’érections complètes. Il mange beaucoup et avec voracité. Le malade raconte lui-même qu’il a été pendant deux mois à la Pitié, dans le service de M. Piedagnel, et il précise même la date de son entrée et de sa sortie.

État actuel. À première vue, il a les traits tombants, sans expression, les lèvres tremblantes, l’embarras très marqué de la parole, et l’intonation lamentable de la voix des aliénés paralytiques assez avancés ; dilatation plus grande de la pupille droite, tremblement