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qu’il était complétement guéri et aux autres qu’il n’avait jamais été aliéné. Pour notre part, nous ne doutons pas, d’après les caractères si tranchés du délire et la marche de la maladie, que bientôt la folie paralytique ne reprenne son cours, et avec d’autant plus de rapidité qu’il aura été plus longtemps suspendu.


VeObservation : Paralysie générale datant de trois mois environ, avec simple affaiblissement de l’intelligence, sans délire caractérisé ; dans l’espace d’une nuit, apparition de l’agitation et du délire des grandeurs. Mort au bout de trois mois ; autopsie.

Lacroix (Pierre-Auguste), quarante et un ans, né à Noyon, avait par lui-même et par sa femme une fortune qui lui permit d’être marchand de vin en gros dans ce pays. Il a toujours été bien portant, d’une constitution robuste, n’a jamais eu d’attaques de nerfs dans son enfance ni depuis cette époque ; son intelligence n’a jamais été très développée. Il ne réussissait guère en général dans les choses qu’il entreprenait, était d’ailleurs assez peu téméraire, et ne se lançait que difficilement dans des entreprises nouvelles. Cependant, il y a dix ans environ, il se décida à faire, sur l’achat de futailles, une spéculation dans laquelle il perdit de l’argent. Depuis il fit plusieurs autres pertes successives, et sans se laisser aller à de véritables excès de boissons, il commença à mener une vie plus irrégulière, qui contrastait avec ses habitudes antérieures ; il finit ainsi par se ruiner complétement. Il attribue lui-même à ces revers de fortune et à la misère sa maladie actuelle.

Cette maladie a débuté, dit-on, il y a trois ans environ. Sa femme a commencé à remarquer chez lui un grand engourdissement de l’intelligence (ce sont les expressions mêmes dont elle se sert), puis des maux de tête très intenses, siégeant des deux côtés, sur les parois latérales de la tête, durant longtemps et revenant d’une manière intermittente ; ensuite, il a éprouvé des fourmillements dans les jambes et dans diverses parties du corps, des douleurs dans les membres, qui cependant n’étaient jamais accompagnées de véritables crampes ; enfin, de temps en temps, il présentait de la roi-