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eux, et se différencient des malades affectés de délire partiel, par les caractères communs, saillants à première vue, que nous venons d’indiquer sommairement, combien ils diffèrent profondément les uns des autres lorsqu’on les soumet à une observation sérieuse et prolongée !

Nous ne pouvons faire ici un examen détaillé des diverses catégories de malades, groupés aujourd’hui artificiellement sous le nom de maniaques, et qui, au point de vue d’une science plus avancée, mériteraient d’être nettement distingués les uns des autres ; mais nous devons donner, à cet égard, quelques indications générales, pour faire comprendre les différences fondamentales qui les séparent.

Et d’abord, la distinction scientifique entre les diverses variétés de délires aigus, toxiques ou fébriles, et le délire général chronique des aliénés, ne peut être établie aujourd’hui d’une manière rigoureuse. Quelques auteurs mêmes soutiennent, avec quelque apparence de raison, que cette distinction ne peut être qu’arbitraire, et que toute limite entre le délire aigu et la folie, au lieu d’être recherchée, devrait être effacée. Sans doute, les caractères généralement admis pour séparer le délire aigu du délire chronique (tels que la présence ou l’absence de la fièvre, l’existence d’une cause toxique, ou la maladie d’un organe autre que le cerveau dans un cas, et la lésion essentiellement idiopathique de cet organe dans l’autre, enfin la durée très courte du délire aigu, opposée à la durée beaucoup plus longue du délire chronique), sont des moyens tout à fait insuffisants pour séparer nettement ces deux formes du délire, que l’étude plus exacte de leurs phénomènes psychiques permettrait peut-être de distinguer d’une manière plus sérieuse et plus utile pour la pratique. Mais ce n’est pas là ce dont il s’agit en ce moment. Nous voulons seulement faire remarquer que, dans l’état actuel de la science, on réunit dans la même classe, d’un côté, des malades qui présentent presque tous les symptômes physiques et moraux des délires aigus, et d’autre part, d’autres malades, atteints de délire chronique, dont l’état physique et moral diffère singulièrement de celui des états aigus.

Que voyons-nous, en effet, chez certains aliénés atteints de manie aiguë qu’on observe dans les asiles ?