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tomatiques de diverses affections cérébrales, peuvent s’accompagner d’un désordre quelconque de l’intelligence, sans être pour cela la maladie spéciale, méritant le nom de folie paralytique.

En un mot, on prétend faire reposer la distinction scientifique entre les deux espèces de paralysie générale sur le seul fait de la présence ou de l’absence du délire ; mais un seul symptôme est tout à fait insuffisant pour constituer une maladie nouvelle, qui ne peut exister qu’à la condition de reposer sur un ensemble de phénomènes et sur une marche déterminée. La question, dans les termes où elle est posée, nous paraît presque insoluble pratiquement : c’est même, selon nous, ce qui explique pourquoi, jusqu’à présent, on a produit si peu de faits concluants. Pour affirmer en effet qu’un malade n’a pas présenté de délire depuis le commencement de sa maladie, et pour le suivre jusqu’à sa mort, de manière à constater que ce symptôme n’est survenu à aucune période, il faudrait pour ainsi dire ne jamais le perdre de vue, et triompher, par une grande persévérance, des obstacles nombreux qui s’opposent presque toujours à une observation aussi prolongée. D’ailleurs, en supposant même que quelquefois on parvînt à vaincre ces difficultés, par suite de circonstances exceptionnelles, on resterait encore exposé à deux ordres d’objections. S’il ne s’était produit aucune espèce de trouble intellectuel pendant tout le cours de la maladie, on pourrait encore objecter que la mort n’a pas été le résultat de la marche naturelle de l’affection, et que si elle ne fût pas survenue, le délire aurait pu se produire tôt ou tard. D’un autre côté, ce qui arrive plus fréquemment, si on avait constaté un simple affaiblissement très léger de l’intelligence ou de la mémoire, sans trouble manifeste, on pourrait alors discuter la question de savoir si cette faiblesse intellectuelle mérite réellement le nom de folie ; et l’on conçoit à combien d’interprétations diverses cette question peut donner lieu, surtout si l’on suppose qu’un léger trouble des facultés mentales vient se joindre à cette simple débilité de l’intelligence. Nous nous bornerons ici à ces réflexions générales, n’ayant pas l’intention de traiter actuellement un sujet aussi compliqué. Nous dirons seulement que, jusqu’à présent, les faits cités par les auteurs ne nous paraissent pas avoir suffisamment établi l’existence d’une maladie nouvelle, ne différant de la folie paralytique par d’au-