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ment des extrémités vers le centre, au lieu de progresser seulement en intensité, et elle débute presque toujours par les membres supérieurs, auxquels la maladie reste longtemps limitée : dans toutes les parties du corps qu’elle affecte, elle atteint presque complètement certains muscles, tandis qu’elle en respecte d’autres : il est même remarquable qu’elle porte souvent sur les muscles homologues des deux côtés. De plus, il y a diminution de la contractilité musculaire électrique dans les muscles atrophiés, tandis que cette propriété est conservée chez les aliénés paralytiques.

Enfin, il convient d’ajouter que, dans la première, on trouve, à l’autopsie, une diminution et même une disparition presque complète de la fibre musculaire, remplacée souvent par un tissu cellulaire graisseux ; tandis qu’aucune lésion de ce genre ne peut être constatée chez les aliénés paralytiques, alors même qu’ils sont morts dans le marasme.

Conclusion. — Après avoir passé en revue la plupart des maladies qui peuvent donner lieu à des symptômes analogues à ceux de la paralysie des aliénés, il resterait maintenant à rechercher s’il existe, en dehors de la folie paralytique et des diverses maladies connues, une affection nouvelle méritant le nom de paralysie générale sans aliénation. Cette discussion nous entraînerait beaucoup trop loin, et nous nous sommes abstenu à dessein de l’aborder dans ce travail. Elle mériterait à elle seule une étude particulière, et cette étude nous semble prématurée, dans l’état actuel de nos connaissances. D’ailleurs, cette question ne nous a pas paru la plus importante à discuter tout d’abord. Nous avons voulu prouver en effet :

1oQu’il existe une paralysie générale type, qui jusqu’à présent est seule bien connue ; qu’elle n’est pas seulement caractérisée par le symptôme paralysie, mais qu’elle repose sur un ensemble de phénomènes ayant une marche déterminée, et qu’elle constitue ainsi une forme spéciale de la folie que nous avons appelée folie paralytique ;

2oQue la paralysie générale peut survenir, à titre de symptôme, dans un assez grand nombre de maladies cérébrales, médullaires, et nerveuses, mais qu’elle se distingue alors de l’affection précédente, soit par les caractères généraux de ces diverses maladies, soit par les caractères spéciaux de la paralysie.