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genre de ceux que nous venons de citer, faits qu’ils reconnaissent eux-mêmes être probablement de nature spinale et qui nous semblent des exemples d’atrophie progressive. On conçoit en effet que, dans ces cas, la diminution de l’irritabilité musculaire électrique soit en rapport avec la disparition même de la fibre musculaire et qu’il n’en soit pas de même dans la paralysie des aliénés, où cette fibre musculaire persiste jusqu’à la fin ; mais par cela même, ce signe, utile pour distinguer, ainsi que l’a indiqué Marshall Hall, les paralysies spinales des paralysies cérébrales, ne peut être d’aucune utilité pour différencier la paralysie des aliénés de celle que plusieurs auteurs appellent paralysie générale progressive, affection qui, aux yeux de ceux qui l’admettent, serait, comme la folie paralytique, une maladie cérébrale. Le criterium invoqué par Brierre de Boismont et Duchenne de Boulogne peut donc être utile pour distinguer les atrophies progressives de la paralysie des aliénés, mais ne paraît pas susceptible de trancher la question, actuellement pendante, entre la véritable paralysie progressive, si elle existe, et la paralysie des aliénés.

Le diagnostic différentiel entre l’atrophie musculaire et la paralysie des aliénés, même débutant sans délire, nous paraît en général facile, lorsqu’on tient compte des caractères spéciaux de la paralysie, que nous avons signalés. Et d’abord, l’absence de troubles de l’intelligence dans un cas, la perturbation intellectuelle plus ou moins rapide dans l’autre ; l’absence de l’embarras de la parole, excepté peut-être à la fin de la maladie dans un cas, sa production dès le début, dans l’autre ; enfin l’existence ou la non-existence de l’atrophie musculaire, sont déjà des signes précieux pour le diagnostic. Cependant les deux premiers n’ont rien d’absolu, et le dernier, qui sert de base à la distinction scientifique entre ces deux maladies, n’est pas toujours facile à apprécier dans la pratique, surtout dans les premières périodes de l’affection. Les véritables signes distinctifs, sur lesquels on ne semble pas suffisamment fixer l’attention, résident, selon nous, dans les caractères mêmes de la paralysie. Dans l’atrophie musculaire, en effet, elle est d’abord partielle, et ne parvient que peu à peu à se généraliser ; elle commence par être incomplète, mais finit par devenir presque complète, du moins dans certaines parties du corps ; elle marche progressive-