Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’atrophie. Si nous avons bien compris l’auteur dont nous parlons, ce serait là, selon lui, le signe différentiel principal entre l’atrophie progressive et ce qu’il appelle la paralysie progressive sans aliénation[1]. Mais nous avouons ne pas bien saisir cette distinction, qui ne nous paraît constituer qu’une différence de degré ; en effet, dans l’atrophie progressive, la force musculaire doit également diminuer, ainsi que l’irritabilité électrique, dans les muscles qui commencent à s’atrophier, avant que cette atrophie puisse être sensible.

Nous avons nous-même observé à l’hôpital de la Charité un malade, dont nous donnons l’observation à la fin de ce travail, que certaines personnes pourraient considérer comme atteint de paralysie progressive, et qui nous semble affecté de simple atrophie musculaire[2]. Ce qu’il y a, en effet, de caractéristique chez ce malade, c’est que la paralysie paraît également devoir être attribuée à un refroidissement ; qu’elle a débuté par les extrémités et par certains muscles plutôt que par certains autres ; qu’elle a été précédée de douleurs ; qu’au bout de deux mois, le malade était déjà dans l’impossibilité de quitter le lit ; que la paralysie a gagné progressivement des extrémités vers le tronc ; qu’elle était accompagnée d’atrophie, surtout dans les extrémités, et qu’enfin il n’existait ni trouble de l’intelligence ni embarras de la parole.

La confusion est donc possible entre l’atrophie progressive et la paralysie générale, lorsque l’on est placé au point de vue que nous cherchons à combattre, et cette erreur nous paraît même avoir été commise par quelques auteurs. Nous devons ajouter une remarque qui, selon nous, n’est pas sans importance. Brierre de Boismont et Duchenne de Boulogne ont cru trouver dans l’électricité un moyen pratique pour distinguer les paralysies générales sans aliénation des paralysies avec aliénation : ils ont dit que dans les premières, l’irritabilité électrique des muscles diminuait ou disparaissait, tandis qu’elle restait intacte dans la paralysie des aliénés. L’importance qu’ils ont accordée à ce signe diminue, ce nous semble, considérablement, si l’on admet avec nous qu’ils ont donné le nom de paralysie progressive sans aliénation à des faits du

  1. Voir Brierre, loc. cit., p. 607.
  2. Obs. 6.