Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

question, lorsqu’il a cherché à établir l’existence de cette maladie nouvelle, distincte de la paralysie des aliénés et de l’atrophie musculaire, affection qu’il a paru considérer comme probablement de nature spinale ; mais en examinant attentivement les faits qu’il a cités à l’appui de cette maladie nouvelle, on est frappé de l’analogie qui existe entre ceux qu’il rapporte sous le titre de paralysie progressive sans aliénation, et ceux qui ont été cités par Aran, Thouvenet et Cruveilhier, sous le nom d’atrophie musculaire. La première observation invoquée par Brierre de Boismont, précisément comme type[1], me paraît, en effet, un exemple évident d’atrophie musculaire, analogue à ceux que les autres auteurs ont rapportés sous ce nom. Ce malade, après être tombé dans une rivière et avoir eu ses habits mouillés pendant plusieurs heures, ressentit le lendemain une sensation de brûlure et de picotement à la plante des pieds et dans les mollets, et huit jours après dans les mains et les doigts. Bientôt il cesse de pouvoir travailler, et un mois après environ, il ne peut plus quitter le lit. Les douleurs deviennent moins intenses, mais l’affaiblissement musculaire augmente rapidement et s’accompagne d’atrophie ; ces phénomènes de paralysie et d’atrophie sont surtout manifestes aux extrémités, aux mains et aux avant-bras, ainsi qu’aux pieds et aux jambes. L’irritabilité électrique a disparu ou diminué dans la plupart des muscles de ces extrémités, mais d’une manière inégale, ainsi que la force musculaire, qui semble conservée dans certains muscles beaucoup plus que dans d’autres. Seulement, il ne paraît pas y avoir une relation exacte entre la diminution de l’irritabilité électrique et l’atrophie musculaire. Il n’y a d’ailleurs chez ce malade ni lésion de l’intelligence ni même embarras de la parole. Mais l’auteur suppose que ce dernier signe se produira plus tard, comme il l’a vu survenir dans des cas analogues.

En lisant cette observation, il nous paraît difficile de ne pas y voir un exemple d’atrophie progressive, avec cette seule différence que l’irritabilité électrique, ainsi que la force musculaire, semblent avoir diminué dans des muscles qui ne paraissent pas encore atteints

  1. Brierre de Boismont, Paralysie progressive, supplément au Dictionnaire des dictionnaires de médecine, sous la direction de Tardieu ; 1851.