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rale et à examiner avec soin chacune des formes qui la composent. Nous allons donc passer successivement en revue, au point de vue qui nous occupe, les quatre formes principales de la classification de Pinel et d’Esquirol, la manie, la mélancolie, la monomanie et la démence.

§2. — Examen critique de la classification de Pinel et d’Esquirol.

Délires généraux. — Les malades que l’on classe parmi les délires généraux se rapprochent les uns des autres par certains caractères extérieurs qui établissent entre eux quelques points de contact ; mais ils diffèrent tellement sous d’autres rapports, qu’on ne peut voir dans ce rapprochement qu’un simple classement provisoire, et non une forme véritable de maladie mentale. Quels sont, en effet, les caractères qui servent à réunir dans un même groupe ces aliénés si différents les uns des autres ? Le délire est général, dit-on, c’est-à-dire qu’on ne peut préciser aucune direction d’idées ou de sentiments réellement prédominante, dont on puisse faire découler comme d’une origine commune les diverses manifestations par les paroles ou par les actes. Le malade est dans un état général d’excitation qui se traduit au dehors par ses discours et par ses actes. Les pensées se succèdent avec rapidité et sans suite. L’aliéné passe à chaque instant par les idées ou les émotions les plus variées, et l’incohérence plus ou moins grande de son langage est en rapport avec cette succession rapide de pensées, d’émotions et de sentiments fragmentés, aussitôt abandonnés que conçus. Les actes de ces aliénés sont aussi désordonnés que leurs paroles. Ils frappent, ils crient, ils chantent, ils se remuent en tous sens, brisent les objets qui tombent sous leurs mains, se déshabillent, se roulent par terre et déchirent leurs vêtements. En un mot, toutes les manifestations extérieures établissent, à première vue, une différence qui paraît très tranchée, entre ces aliénés atteints de délire général avec excitation, et les autres malades habitant le même asile, qui se présentent à l’observateur avec toutes les apparences de la raison, et chez lesquels une étude attentive est nécessaire pour découvrir dans sa sphère restreinte le trouble des idées ou des sentiments.

Mais si les aliénés atteints de délire général se rapprochent entre