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même disparaître presque complètement les accidents dont ils sont atteints. À Bicêtre, par exemple, on observe tous les jours des cas semblables, et le Dr Huss en rapporte d’ailleurs des preuves nombreuses. Ces mêmes accidents se reproduisent, il est vrai, presque toujours plus tard, parce que les malades guéris retombent dans les mêmes abus, qui reproduisent de nouveau les mêmes effets. D’autres fois aussi ces accidents se perpétuent sans interruption, et ne font que s’aggraver successivement, parce que les malades continuent leurs excès ; mais même dans ce cas où la maladie est très chronique et est devenue très grave, il suffit souvent d’un séjour d’un ou de deux mois dans un établissement, et de la privation des liqueurs alcooliques, qui en est la conséquence, pour faire disparaître momentanément des symptômes cependant si invétérés. Dans les cas d’ailleurs où l’on aurait affaire à une intoxication alcoolique durant depuis longtemps, un signe, également tiré de la marche, peut être aussi d’une grande utilité pour le diagnostic ; c’est l’existence d’un ou de plusieurs accès de delirium tremens antécédents, ayant précédé ou interrompu, à plusieurs reprises le cours de l’intoxication alcoolique chronique.

11oParalysies produites sous l’influence de l’arsenic et du phosphore.
Acrodynie, ergotisme, pellagre
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Après les paralysies saturnines et alcooliques, il nous resterait à passer en revue quelques autres paralysies, moins fréquentes, qui se produisent dans différentes intoxications chroniques, métalliques ou autres, et par exemple sous l’influence de l’arsenic, et du phosphore ; mais tel ne peut être ici notre but, puisque nous sommes loin d’avoir l’intention de faire un travail complet. Nous avons voulu seulement indiquer rapidement les causes d’erreur qu’on rencontre le plus fréquemment dans le diagnostic de la paralysie générale ; nous n’avons qu’à mentionner, en terminant, les paralysies qui surviennent dans certaines formes d’ergotisme, celles que l’on a constatées dans plusieurs épidémies d’acrodynie, et enfin, dire quelques mots de la paralysie pellagreuse, sur laquelle M. Baillarger a surtout appelé l’attention, et qu’il a voulu confondre avec la paralysie des aliénés[1].

  1. Baillarger, Annales médico-psychol., 1re série, t. II.