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crampes, des douleurs de diverses natures dans la continuité des membres, mais surtout dans les extrémités ; enfin, le malade finit par ressentir un certain degré de faiblesse dans les bras et les jambes ; il s’aperçoit que ses doigts remplissent moins bien leurs fonctions, que les mouvements en sont moins précis et moins délicats, qu’ils éprouvent de la difficulté à soulever et à serrer les objets : la sensibilité, à son tour, devient émoussée et obtuse, et les mains ne perçoivent plus aussi nettement la sensation des objets.

Tous ces phénomènes de faiblesse musculaire, d’anesthésie, d’engourdissements, de fourmillements, de douleurs, ont lieu principalement dans les extrémités. Aux membres supérieurs, ils se produisent surtout dans les doigts, les mains, les avant-bras, et il est même remarquable qu’ils remontent rarement au-dessus du coude. Aux membres inférieurs, les mêmes symptômes se produisent également dans les jambes jusqu’aux genoux. Il existe de plus un sentiment de faiblesse musculaire dont le malade a conscience ; lorsqu’il veut marcher, il sent ses genoux faiblir sous lui ; sa marche devient moins précise, plus vacillante ; il ressent rapidement la fatigue : du reste, on observe dans les membres inférieurs, les mêmes troubles de la sensibilité que dans les bras. En même temps, la tête devient également le siège de phénomènes anormaux ; les étourdissements, les vertiges et les éblouissements, deviennent plus fréquents et plus intenses ; la vue s’affaiblit ; de temps en temps même elle s’obscurcit tout à coup ; de plus, le malade voit souvent passer devant ses yeux des mouches volantes, des éclairs et de petits objets scintillants, semblables à des insectes, illusions dont il a parfaitement conscience ; enfin, pendant la nuit, le sommeil est fréquemment agité par des rêves effrayants et des cauchemars. Tel est le premier degré de la paralysie alcoolique ; mais, les excès se renouvelant toujours, la maladie peut s’aggraver encore, et c’est alors qu’elle revêt les caractères tranchés de la paralysie, et que le malade se présente ordinairement à l’observation du médecin.

La paralysie conserve les caractères que nous venons d’énumérer, mais ils sont plus intenses. Le malade éprouve de la difficulté à se tenir sur ses jambes et à marcher pendant un certain temps, sans être exposé à tomber ; les bras ont de la peine à soulever et à serrer les objets ; la sensibilité est très émoussée et même presque