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qui avait été évidente autrefois et qui l’était encore sous plusieurs rapports, était-elle pour quelque chose dans la production de cette paralysie générale, ou même du ramollissement de la moelle ? ou bien cette paralysie était-elle due uniquement à ce ramollissement, qui serait venu compliquer la maladie saturnine primitive ? C’est là une question très difficile à résoudre, avec les documents incomplets de cette observation. Je ne mentionne ici ce fait que comme exemple curieux d’une forme particulière de paralysie générale qui peut survenir dans l’intoxication saturnine chronique. Je rapporterai plus loin une observation beaucoup plus intéressante et plus en rapport avec mon sujet et que j’ai recueillie également à l’hôpital Necker (observation 7).

La première question que l’on s’adressera après avoir lu cette observation sera celle de savoir si elle est réellement un exemple de paralysie générale saturnine, et, si, en la citant sous ce titre, je n’ai pas arbitrairement attribué à cette cause une influence exagérée. La plupart des médecins y verront probablement une paralysie générale sans délire, analogue à plusieurs faits cités dans ces derniers temps comme exemples de cette maladie, en particulier par Lunier, Brierre de Boismont et Sandras. Je suis loin de contester l’analogie qui existe entre cette observation et plusieurs de celles relatées par ces auteurs, sous le titre de paralysie générale progressive. C’est précisément à cause de cette analogie que j’insisterai sur les détails de l’observation propres à la faire classer, avec assez de probabilité, parmi les paralysies saturnines, afin de prouver que l’on tend à réunir aujourd’hui, sous le nom de paralysie progressive, des faits appartenant en réalité à des maladies différentes.

On m’objectera probablement que n’ayant pas suivi le malade jusqu’à la fin, je ne puis affirmer que le délire, et même le délire spécial, n’est pas survenu plus tard ; on ajoutera que n’ayant pas fait l’autopsie, je ne puis affirmer la non-existence d’une autre affection, et par exemple d’une lésion appréciable du cerveau ou de la moelle. Mais, d’une part, la longue durée de la maladie, depuis son début jusqu’au moment où j’ai observé le malade, me paraît une forte présomption en faveur de la non-existence d’un début sans délire de folie paralytique ; d’autre part, l’examen détaillé des symptômes et de la marche de la maladie, chez le sujet de cette observation, me