Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nerveux très marqué de toutes les parties du corps, lié d’ailleurs à d’autres symptômes qui pourraient faire croire à l’existence d’une paralysie générale, on doit songer à la possibilité d’une influence alcoolique, et que ce soupçon est souvent vérifié par l’observation ultérieure ; les variétés de paralysie générale accompagnée de tremblement manifeste et universel, dès le commencement de la maladie, nous paraissent rares et exceptionnelles.

Après cet aperçu sur les maladies nerveuses qui peuvent donner lieu à des paralysies méritant d’être soigneusement distinguées de la paralysie générale des aliénés, nous arrivons à une partie plus importante encore de notre sujet, parce que les confusions y sont plus faciles et plus fréquentes ; nous voulons parler des paralysies produites par diverses intoxications lentes et chroniques qui offrent souvent, par leurs symptômes et par leur longue durée, de véritables ressemblances avec la maladie qui nous occupe. Nous n’avons certainement pas l’intention de mentionner ici, même en passant, toutes les intoxications qui peuvent donner lieu à des phénomènes paralytiques ; nous ne nous occuperons que des plus importantes et de celles qui peuvent le plus souvent devenir causes d’erreurs : paralysies saturnines, mercurielles, et alcooliques.

8oParalysies saturnines.

Ces paralysies sont assez connues pour que nous n’ayons pas à en présenter ici l’histoire, même abrégée. Cependant, tandis que l’on a fixé l’attention sur les paralysies partielles et principalement sur celles des muscles de l’avant-bras, qui sont certainement les plus fréquentes, on a beaucoup trop négligé, selon nous, les paralysies plus générales qui se produisent de temps en temps dans les intoxications saturnines chroniques, ainsi que l’embarras de la parole qui peut survenir aussi dans une intoxication, même moins avancée. Tanquerel des Planches[1] note, il est vrai, quinze fois l’embarras de la parole sur une centaine d’observations environ ; mais cette proportion nous paraît un peu faible, relativement à la totalité des empoisonnements saturnins, et semble plutôt basée sur

  1. Tanquerel des Planches, Maladies de plomb, 1839.