Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/15

Cette page a été validée par deux contributeurs.

systèmes artificiels qui rapprochent les faits à l’aide d’un seul ou d’un petit nombre de caractères, et qui ne permettent de rien conclure, en dehors de celui qui sert de prétexte à la réunion de faits très dissemblables sous tous les autres rapports.

Pour résumer brièvement les conditions essentielles de classifications naturelles, nous dirons qu’elles sont au nombre de trois :

1oLa classe doit reposer sur un ensemble de caractères appartenant à tous les faits qui y sont compris, et non sur un seul caractère servant à rapprocher artificiellement les faits les plus dissemblables sous d’autres rapports.

2oCes caractères doivent être subordonnés et hiérarchisés de telle façon qu’en indiquant le caractère le plus important, on puisse faire deviner ou supposer l’existence de presque tous les autres.

3oLes faits réunis dans une même classe, doivent non seulement présenter, à un moment donné, un ensemble de caractères communs qui les rapprochent et de caractères différentiels qui les distinguent des classes voisines ; ils doivent encore se succéder dans un ordre déterminé à l’avance, avoir un mode de succession possible à prévoir, en un mot, une évolution qui leur soit propre.

Ainsi donc :

Ensemble de caractères communs et différentiels ; subordination de ces caractères ; évolution successive, possible à prévoir, des faits réunis dans une même classe, telles sont les conditions nécessaires pour qu’une classification mérite le nom de méthode naturelle.

Il n’est pas besoin d’une longue attention pour s’apercevoir que les classifications que nous possédons dans la pathologie mentale sont loin de réunir ces conditions sine qua non d’une méthode naturelle.

Sans entrer dans les détails des divers principes qui ont jusqu’ici servi de base à nos classifications, il est facile de se convaincre qu’elles appartiennent toutes aux systèmes artificiels, c’est-à-dire qu’elles sont basées sur un seul, ou sur un petit nombre de caractères.

On peut en effet les diviser en quatre catégories principales :

Elles reposent :

1oSur les facultés intellectuelles, morales ou instinctives, admises par les psychologues, qu’on suppose lésées isolément dans la folie :