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toujours après une attaque, persistent ordinairement pendant peu de temps, quelques heures, par exemple, ou quelques jours ; elles cessent brusquement pour reparaître de même, souvent sans causes appréciables. Produites par une attaque, elles disparaissent fréquemment sous l’influence de l’attaque suivante ; ou bien dissipées peu de temps après une attaque, elles se reproduisent dans la même partie du corps, aux attaques subséquentes. En résumé, elles sont presque toujours temporaires, mobiles, irrégulières dans leur mode de production et leur marche, et brusques dans leur apparition et leur disparition ; elles participent, en un mot, des caractères de tous les symptômes nerveux. Jusque-là certainement ces paralysies ne présentent presque aucune analogie avec les paralysies générales ; mais on nous semble avoir trop oublié que si tel est le caractère habituel de ces paralysies nerveuses, il en est quelques-unes au contraire qui, par suite de la longue durée de la maladie, de la reproduction fréquente du même accident dans la même partie du corps, ou de toute autre circonstance difficile à apprécier, sont plus étendues, plus générales, moins mobiles, et beaucoup plus durables que celles dont nous venons de parler. La confusion de ces paralysies avec la paralysie générale, dans un moment donné, devient alors plus facile à comprendre et mérite d’être signalée, surtout si l’on ajoute que, dans certains cas, l’existence concomitante de l’embarras de la parole et d’un trouble plus ou moins passager de l’intelligence peut rendre encore cette erreur plus facile. Relativement à l’épilepsie surtout, la longue durée possible des paralysies qui succèdent aux attaques, l’embarras de la parole, assez fréquent après les accès, signalé par tous les auteurs qui se sont occupés de l’épilepsie, et en particulier par Esquirol[1] le trouble de l’intelligence, qui, souvent aussi, succède aux attaques, peuvent faire croire quelquefois à l’existence d’une paralysie générale ; on peut même affirmer, sans crainte de se tromper, que cette erreur de diagnostic doit avoir lieu assez fréquemment dans les asiles d’aliénés. Dans l’hystérie même, où la mobilité plus grande des phénomènes semblerait devoir rendre toute erreur impossible, il est quelques cas rares où la paralysie est générale et dure assez longtemps, comme Lan-

  1. Esquirol, Des maladies mentales, Paris, 1838 ; article Épilepsie.