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d’une paralysie des deux côtés du corps, ont décrit, sous le nom de paralysie générale ou de paralysie progressive, des faits qui paraissent n’avoir été que des exemples de maladies de la moelle, du moins d’après la marche franchement ascendante de la paralysie. On en voit, par exemple, des preuves dans les descriptions de Sandras ; on a même cité comme exemples de paralysie générale des faits dans lesquels l’existence d’une lésion de la partie supérieure de la moelle ou du canal vertébral a été démontrée par l’autopsie, ainsi que le rapporte Hubert Rodrigues, dans plusieurs de ses observations.

Les maladies de la moelle peuvent être divisées en trois classes, au point de vue de leur comparaison avec la paralysie générale.

1oCelles qui s’accompagnent de paraplégie franche ne peuvent réellement pas être confondues. Non seulement, en effet, il y a absence de troubles cérébraux et d’embarras de la parole, mais toutes les parties supérieures du corps ne sont nullement atteintes ; par conséquent, la paralysie n’est pas générale, est complète ou presque complète dans les parties affectées, porte sur la sensibilité, ordinairement autant que sur le mouvement, et enfin, limitée aux membres inférieurs, ainsi qu’au rectum et à la vessie, elle est tout à fait caractéristique d’une lésion de la partie inférieure de la moelle.

2oDans la seconde classe de faits, se trouvent ceux où la lésion, après avoir commencé par la partie inférieure de la moelle, remonte graduellement et lentement jusqu’à la partie supérieure et même jusqu’au cerveau. Dans ces cas, la paralysie suit parallèlement la marche ascendante de la lésion ; l’erreur devient alors plus facile, surtout à la fin de la maladie, pour ceux qui ne sont frappés que du fait de la paralysie générale, c’est-à-dire de la paralysie de toutes les parties du corps ; mais, indépendamment des caractères distinctifs que nous venons d’énumérer précédemment, et qui se retrouvent également ici, la seule notion de cette marche franchement ascendante de la paralysie, qui a dû être facile à constater par tous, suffit pour exclure l’idée d’une véritable paralysie générale, et pour faire conclure à l’existence d’une maladie de la moelle.

3oEnfin viennent les faits dans lesquels la lésion est située à la partie supérieure de la moelle et même dans la moelle allongée, et