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me paraît plus l’être, aujourd’hui que l’on cherche à différencier, par exemple, le rhumatisme primitivement chronique du rhumatisme chronique succédant à un rhumatisme aigu ; d’ailleurs, les faits manquent encore pour se prononcer sur l’identité des véritables méningites chroniques et de la paralysie générale. Je ne me propose donc nullement d’établir ici entre elles le moindre parallèle ; seulement je n’ai pu m’empêcher de montrer qu’il peut exister des différences symptomatiques entre deux maladies qui paraîtraient avoir une même nature anatomique, afin de m’élever contre une assimilation qui ne me semble avoir rien de rigoureux.

6oMaladies de la moelle.

Après avoir passé en revue les principales maladies encéphaliques, arrivons aux affections de la moelle. Lorsqu’on tient compte des caractères spéciaux de la paralysie, que nous avons signalés, il paraît difficile de concevoir comment une maladie de la moelle pourrait être confondue avec la paralysie des aliénés. D’abord, la paralysie médullaire est presque toujours partielle, et le plus souvent paraplégique : alors même qu’elle a fini par devenir générale, elle a commencé par être limitée à quelques parties du corps ; au lieu d’être primitivement très peu marquée dans les parties atteintes dès le début et d’augmenter ensuite graduellement et très lentement d’intensité, elle est, dès le commencement de la maladie, infiniment plus prononcée dans les points affectés qu’elle ne l’est dans la paralysie générale, et peut même être complète ; elle se propage, du reste, par une extension graduelle des parties atteintes à des parties non encore affectées, et ordinairement de bas en haut ; de plus, on constate des fourmillements, des crampes et des douleurs dans les membres, des douleurs ou des lésions le long du rachis ; il n’y a pas de trouble de l’intelligence et il n’y pas d’embarras de la parole ; voilà certainement plus de signes qu’il n’en faut pour établir une séparation tranchée entre des maladies qui ne se ressemblent presque sous aucun rapport. Cependant certains auteurs, aux yeux desquels l’absence de lésion de l’intelligence et d’embarras de la parole est parfaitement conciliable avec l’idée d’une paralysie générale, et qui semblent ne faire attention, pour caractériser cette maladie, qu’à l’existence