Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une paralysie générale aiguë : le fait observé par Requin, que nous avons rapporté plus haut, et qui, d’après l’autopsie, nous paraît un cas évident de méningite aiguë, terminée par un ramollissent des parties centrales du cerveau, a été cité comme exemple de paralysie générale aiguë. Beau[1] a publié sous le même titre sept observations de malades, ayant présenté, pendant leur vie, des symptômes cérébraux à marche très rapide, et à l’autopsie desquels on a trouvé une très légère inflammation de la couche superficielle du cerveau et des méninges. Sur ces faits, six se sont produits à la fin ou dans la convalescence d’une fièvre typhoïde. Quelle que soit l’autorité d’un homme aussi instruit et aussi distingué que Beau, nous hésitons à rapprocher de la paralysie des aliénés des faits dont la marche, si rapide, serait déjà à nos yeux un titre suffisant d’exclusion. Les symptômes diffèrent d’ailleurs de ceux de la paralysie des aliénés, et c’est à peine si on y retrouve quelque signe, autre que le bégayement léger qui puisse établir une analogie entre deux maladies si différentes sous tant de rapports.

Nous n’insisterons donc pas pour établir entre elles une distinction ; nous avons voulu seulement signaler ici ces faits comme un nouvel exemple du degré de confusion auquel est arrivée aujourd’hui la science à l’égard de la paralysie générale.

Il me reste à dire un mot des méningites chroniques, dans leur rapport avec la paralysie générale : c’est là un problème plein de difficultés que je me garderais bien de vouloir trancher. Je me borne à poser cette question : A-t-on observé scientifiquement un assez grand nombre de méningites chroniques succédant à des méningites aiguës, pour pouvoir affirmer que les symptômes de la marche de cette maladie sont identiques à ceux de la paralysie générale, qui semble s’en rapprocher par les lésions trouvées à l’autopsie ? À mes yeux, alors même qu’il serait prouvé que la paralysie générale n’est qu’une méningite chronique, il resterait encore à démontrer qu’elle a les mêmes symptômes et la même marche que les méningites chroniques succédant à une méningite aiguë.

Le mélange de ces deux affections, par suite d’une prétendue identité de nature anatomique, admissible à une certaine époque, ne

  1. Beau, Archives générales de médecine, 1852.