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facile, d’abord, parce que ces affections sont réellement rares, et ensuite, parce qu’elles ont une marche et des symptômes qui les différencient presque toujours profondément de la folie paralytique. Le plus souvent en effet, elles sont sans embarras de la parole, et sans trouble véritable de l’intelligence ; alors même que la paralysie viendrait plus tard à se généraliser, elle se produit au début sous forme hémiplégique. Dans tous ces cas, l’erreur n’est vraiment pas possible, et il serait inutile d’insister sur des caractères différentiels ; mais il est quelques cas de tumeurs du cerveau dans lesquels on observe une paralysie des deux côtés du corps, avec embarras de la parole et trouble plus ou moins marqué de l’intelligence. Dans ces cas, rares il est vrai, la confusion nous paraît possible, lorsqu’on est placé au point de vue que nous cherchons à combattre ; je n’en donnerai pour preuve que l’exemple de Hubert Rodrigues, qui cite, comme exemple de paralysie générale, des observations empruntées à divers auteurs, où il constate lui-même que cette paralysie était due à des tumeurs de diverses natures, trouvées à l’autopsie dans le cerveau.

Comme une assimilation, faite volontairement entre des maladies si différentes sous tous les rapports, ne me paraît pas admissible en théorie, je ne m’arrêterai pas à démontrer que ces faits ne doivent pas rentrer dans le cadre de la paralysie générale des aliénés ; je me bornerai à dire que, dans les cas de ce genre, le diagnostic différentiel me semble pouvoir reposer principalement sur les caractères distinctifs suivants, qui suffisent en général pour établir, par leur réunion, l’existence d’une tumeur du cerveau. Dans cette maladie, en effet, il existe presque toujours des céphalalgies très intenses, déchirantes même, datant de loin, souvent accompagnées de vomissements ; on observe aussi très fréquemment des accès épileptiformes, à des intervalles assez rapprochés, simulant une épilepsie essentielle, et précédant la production de la paralysie ou coïncidant avec son apparition. On constate très souvent également, comme dans le ramollissement, des lésions des organes des sens, telles que l’amaurose et la surdité, ce qui n’arrive presque jamais dans la paralysie générale ; enfin, comme nous le disions plus haut, il y a rarement véritable trouble de l’intelligence, alors même qu’il existe de l’affaiblissement ou même de l’oblitération des facultés