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vie, et si on les avait comparés à ceux de la paralysie des aliénés. Ce sont probablement des faits de ce genre qui ont conduit certains auteurs à mentionner les ramollissements locaux du cerveau comme lésion possible de la paralysie des aliénés. On peut admettre cependant qu’il y a eu, dans ces cas, simple coïncidence des deux affections chez le même malade, ainsi que M. Calmeil en rapporte un exemple assez probant[1].

La confusion est donc possible, dans quelques cas, entre les ramollissements du cerveau et la paralysie générale, et par conséquent il n’est pas superflu de chercher des moyens de diagnostic. Ce n’est pas à l’aide d’un seul signe que ce diagnostic peut s’établir ; il n’en existe pas un seul en effet, si ce n’est peut-être le délire des grandeurs, qui soit pathognomonique de l’une de ces maladies et ne puisse se rencontrer dans l’autre. En général, cependant, ce diagnostic est possible, en prenant en considération l’ensemble des symptômes, et surtout les différences qui existent dans la marche des deux maladies.

Les signes qui caractérisent le ramollissement, par opposition à la paralysie générale, nous paraissent être surtout les suivants : céphalalgies intenses et continues ; vomissements fréquents, coïncidant avec la céphalalgie ou avec les attaques congestives ; douleurs vives dans les membres qui sont ou qui deviendront le siège de la paralysie ; contractures et crampes ; hémiplégie fréquente ; embarras de la parole plus rare, moins intimement lié à la maladie, et lorsqu’il existe, plus prononcé, plus intense dès le début, et pouvant même être porté jusqu’à l’impossibilité de parler ; trouble de l’intelligence moins fréquent, consistant plutôt dans l’affaiblissement extrême de l’intelligence et la perte presque absolue de la mémoire que dans le désordre des facultés intellectuelles, ou bien, lorsque ce désordre existe, ayant des caractères particuliers, très différents de ceux de la folie paralytique, et analogues à ceux que nous avons mentionnés ci-dessus, à l’occasion de l’hémorragie cérébrale ; lésion fréquente des organes des sens (amaurose ou surdité) ; enfin trouble plus fréquent et plus intense de la sensibilité (anesthésie ou hyperesthésie) que dans la paralysie générale.

  1. Calmeil, Paralysie générale, 1826.