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tion : on dirait de la bouillie. Après une observation dont tous les détails symptomatiques et anatomiques concordent si bien avec l’idée d’un ramollissement des parties centrales du cerveau, consécutif à une méningite aiguë, et sont différents du tableau symptomatique et anatomique de la paralysie des aliénés, tel que nous l’avons tracé, il serait superflu d’insister sur les raisons qui ne nous permettent pas de nous associer à l’opinion du savant professeur.

Puisque la confusion est possible entre les ramollissements du cerveau et la paralysie générale, il faut donc rechercher des moyens de les distinguer dans la pratique. Quelques auteurs croient cette distinction très facile et jugent à peine nécessaire d’indiquer quelques signes différentiels ; ils se bornent à en appeler, d’une manière générale, à la différence des symptômes et de la marche des deux maladies. Sans doute, c’est bien là le seul criterium que l’on doive invoquer ; mais cette indication générale ne peut suffire pour trancher les nombreuses difficultés que l’on rencontre dans la pratique, et qui ne nous paraissent pas avoir assez frappé les auteurs auxquels nous faisons allusion. Il est en effet un certain nombre de ramollissements du cerveau qui présentent une marche chronique, un trouble de l’intelligence assez prononcé, pour que l’on puisse presque considérer comme aliénés les malades qui en sont atteints, un embarras de la parole manifeste et même très marqué, enfin une hémiplégie peu tranchée ou bien une paralysie à peu près égale des deux côtés du corps. On comprend facilement que, dans l’état actuel de la science, la réunion de ces deux faits, savoir : une paralysie incomplète et plus ou moins générale, accompagnée d’embarras de la parole, et un trouble de l’intelligence, souvent tel que le malade est conduit dans un asile d’aliénés, suffisent pour faire confondre un pareil malade avec un aliéné paralytique, sous le nom commun de dément paralytique, comme on le fait aussi pour ceux qui sont atteints d’hémorragies cérébrales anciennes. Cette erreur est surtout possible, si l’on ne prend pas la précaution de s’informer des antécédents et de la marche antérieure de la maladie ; aussi arrive-t-il assez fréquemment, en faisant l’autopsie de pareils malades dans les asiles d’aliénés, de découvrir un ramollissement du cerveau, dont il eût été facile de prévoir l’existence, si l’on avait examiné attentivement les symptômes et la marche de la maladie pendant la