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morragies cérébrales, dont les ramollissements se rapprochent d’ailleurs tellement, au point de vue symptomatique, que le diagnostic différentiel entre ces deux maladies est encore très incertain dans l’état actuel de la science. L’invasion est souvent brusque dans le ramollissement comme dans l’hémorragie cérébrale ; l’embarras de la parole peut également s’y rencontrer assez souvent ; l’hémiplégie, quoique fréquente, est loin d’être constante, et peut être remplacée par une paralysie des deux côtés du corps, plus souvent même que dans l’hémorragie cérébrale. Cela a lieu, soit primitivement dans les ramollissements des parties centrales du cerveau, soit consécutivement, dans le cas où le ramollissement, existant d’abord dans un seul hémisphère, s’étend ensuite à l’hémisphère opposé. Nous aurions enfin à présenter les mêmes considérations relativement aux troubles de l’intelligence, qui, plus fréquents dans les ramollissements que dans les apoplexies, peuvent prêter aux mêmes confusions avec la folie paralytique et peuvent s’en distinguer de la même façon ; ces désordres intellectuels dans le ramollissement ont en effet beaucoup d’analogie avec ceux que nous avons énumérés précédemment à propos de l’apoplexie, et diffèrent ainsi notablement, en général, des troubles propres à la folie paralytique. Nous voulons seulement ajouter quelques traits qui s’appliquent plus spécialement aux ramollissements.

La confusion que nous signalons comme possible entre le ramollissement et la paralysie générale a réellement été faite par plusieurs auteurs ; nous n’en citerons comme preuve que deux exemples remarquables, empruntés l’un à Delaye, et l’autre à Requin. Ces deux faits ayant été souvent cités par divers auteurs comme exemples exceptionnels de paralysie générale, identique à celle des aliénés, nous croyons nécessaire de les reproduire en abrégé, afin de fixer l’attention sur la confusion dont ils nous paraissent avoir été l’objet.

Delaye[1] a rapporté, comme exemple de paralysie générale sans délire, une observation dont voici le résumé :

La malade qui fait le sujet de cette observation est une vieille femme de soixante-dix ans, atteinte depuis longtemps du trem-

  1. Delaye, Thèse, 1824.