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la mémoire des mots et des dates ; affaiblissement général de l’intelligence, sans trouble manifeste ; faiblesse très prononcée de la volonté alliée à l’irritation et à la colère ; facilité très grande à s’émouvoir et à verser des larmes ; oubli presque absolu des faits récents, avec conservation d’un certain nombre de souvenirs anciens ; conscience de son état ; absence d’agitation et apparences de raison beaucoup plus grandes que dans la folie paralytique ; quelquefois enfin, frayeurs vagues et craintes incessantes d’être assassiné, volé ou ruiné.

2oApoplexies anciennes.

Les indications précédentes suffisent pour prouver que l’on a dû confondre souvent les apoplexies anciennes avec la paralysie générale. Nous nous bornerons à citer un seul exemple de ces confusions, que nous empruntons à Sandras. Cet auteur[1] cite d’une manière très abrégée, comme exemple de paralysie générale, l’observation d’un vieillard à l’autopsie duquel on trouva, dans les deux corps striés et la substance ambiante, de petites cavités tapissées d’une membrane semi-organisée, à moitié remplies de sérosité transparente, et qui semblaient provenir d’anciens foyers apoplectiques. C’est l’auteur lui-même qui donne ainsi l’interprétation des lésions observées, et elle est d’ailleurs parfaitement en rapport avec les détails symptomatiques, très peu nombreux, il est vrai, relatés dans l’observation.

En résumé, le diagnostic entre l’apoplexie et la paralysie générale est donc plus difficile qu’on ne le croit ordinairement, attendu qu’aucun signe n’est absolument suffisant pour l’établir, pas même l’hémiplégie. Cependant, par la réunion de ceux que nous venons d’énumérer, et qui sont tirés des divers ordres de symptômes et de la marche de la maladie, on pourra presque toujours poser un diagnostic justifié par l’autopsie. Mais, je le répète, un seul signe ou même un ou deux signes réunis ne peuvent suffire : on ne peut arriver à baser scientifiquement le diagnostic que sur l’étude comparative des divers symptômes de la maladie et surtout à l’aide de

  1. Sandras, Annales médico-psychologiques, t. Ier, 2e série, p. 456.