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marche des symptômes paralytiques, décroissante dans un cas et progressive dans l’autre. Ce signe est certainement très précieux ; mais d’abord, comme tous les signes tirés de la marche, il n’est pas toujours applicable, puisque, pour l’apprécier, il est nécessaire de suivre le malade pendant longtemps. De plus, dans l’hémorragie cérébrale, la paralysie peut rester stationnaire au même degré pendant plusieurs années sans décroître ; d’un autre côté, la marche de la paralysie générale, quoique progressive dans son ensemble, est loin de l’être constamment et régulièrement sans aucune interruption, comme on le croit trop généralement ; cette paralysie peut, dans certains moments, présenter, ainsi que nous l’avons déjà indiqué, une véritable diminution d’intensité qui pourrait induire en erreur, si l’on n’en était prévenu.

Après les signes tirés des caractères de la paralysie, de sa marche et de celle de la maladie, il reste encore à parler des signes basés sur les autres symptômes, et en particulier sur les troubles de l’intelligence. J’ai dit que souvent, dans l’hémorragie cérébrale, l’intelligence n’était pas altérée ou l’était à peine, tandis que, dans la paralysie générale, même au début, elle présentait presque toujours un trouble quelconque, le plus souvent très manifeste. Ce signe, envisagé d’une manière générale, est certainement très utile dans la pratique ; mais on comprend qu’il est loin d’être absolu. Il existe, en effet, un certain nombre d’hémorragies cérébrales qui s’accompagnent non seulement d’affaiblissement, mais de véritable trouble de l’intelligence ; d’un autre côté, il est des paralysies générales (beaucoup moins nombreuses, il est vrai, qu’on ne le dit aujourd’hui) qui existent, au début, sans délire ou avec un simple affaiblissement intellectuel. Il faut ajouter cependant que la spécialité des troubles de l’intelligence, dans les deux cas, mérite de fixer l’attention beaucoup plus qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent. Je crois, en effet, que la description que j’ai cherché à faire, du délire des aliénés paralytiques, opposée aux caractères du trouble de l’intelligence, chez les apoplectiques, peut, dans certains cas, devenir un auxiliaire puissant pour le diagnostic. Nous devons nous borner à dire ici, en résumé, que le désordre de l’intelligence se manifeste, en général, chez les individus frappés d’hémorragie cérébrale, par les signes suivants : perte très marquée de la mémoire, surtout de