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plégie d’abord complète peut devenir incomplète par suite de la résorption imparfaite du caillot sanguin, et rester ainsi longtemps stationnaire à ce degré. Enfin il est un certain nombre d’hémorragies cérébrales dans lesquelles on constate, au lieu d’une hémiplégie, la paralysie des deux côtés du corps, ordinairement, il est vrai, d’une manière inégale. Ce fait a lieu principalement dans les circonstances suivantes :

1oLorsque l’hémorragie s’est produite dans les parties centrales du cerveau, sans avoir déterminé la mort immédiate, ou bien lorsque, située dans un seul hémisphère, elle s’est trouvée assez rapprochée de la ligne médiane pour comprimer l’hémisphère opposé ;

2oLorsqu’un malade a été atteint, à diverses époques, de plusieurs hémorragies cérébrales ayant porté successivement sur l’un et l’autre hémisphère ;

3oEnfin il est des cas dont Rochoux a cité des exemples, et qui sont confondus par M. Baillarger avec la paralysie des aliénés ; dans ces cas, à la suite d’une apoplexie, ayant d’abord déterminé une simple hémiplégie, il survient plus tard une paralysie, souvent moins intense du côté opposé. Les auteurs attribuent ordinairement cette généralisation de la paralysie à un épanchement de sérosité qui s’effectuerait au pourtour du cerveau ou dans les ventricules, consécutivement à la lésion locale primitive du cerveau.

Quant à moi, ces faits ne me paraissent pouvoir être considérés que comme une complication de l’hémorragie cérébrale. Je ne vois pas, en effet, pourquoi, par cela seul que la paralysie, d’abord latérale, devient consécutivement plus ou moins générale, on ferait passer ces faits du cadre d’une maladie à laquelle ils appartiennent si évidemment par leurs lésions, leurs symptômes et leur marche, dans celui d’une autre affection avec laquelle ils ne présentent que la trompeuse analogie d’un seul symptôme.

En résumé, le signe distinctif tiré de l’hémiplégie opposée à la paralysie des deux côtés du corps, quoique très utile, surtout si l’hémiplégie est nette et complète, ne peut suffire pour résoudre toutes les difficultés du diagnostic entre l’apoplexie et la paralysie générale. Il en est de même, quoique à un moindre degré, de la