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et d’embarras persistant de la parole ; enfin décroissance des divers phénomènes depuis le moment de l’attaque jusqu’à la guérison, ou bien jusqu’à une nouvelle attaque ; tout, en un mot, dans les symptômes et dans la marche, est différent de la paralysie générale. Nous n’avons donc pas à y insister ici, puisque, dans cette maladie aussi nettement caractérisée, la paralysie n’est ni générale, ni incomplète, ni lentement progressive dans son invasion et son évolution ; mais il n’en est pas ainsi de toutes les hémorragies cérébrales. Sans doute, le diagnostic nous paraît presque toujours possible, lorsqu’on tient compte de l’ensemble des symptômes et de la marche de la maladie ; mais il est loin d’être, dans tous les cas et à toutes les périodes, aussi facile qu’on l’imagine ordinairement. D’abord on n’a pas toujours des renseignements exacts sur le mode d’invasion d’une paralysie que l’on peut être appelé à observer longtemps après son début ; de plus, quoique la paralysie générale commence le plus souvent insensiblement, elle paraît, dans certains cas exceptionnels, survenir à la suite d’une attaque subite. Cette congestion cérébrale présente, il est vrai, dans son intensité, sa durée et ses suites, des différences notables avec l’attaque de l’hémorragie cérébrale ; mais ces nuances, sensibles pour un médecin, ne peuvent que difficilement être saisies, au milieu des renseignements fournis par le malade lui-même.

L’embarras de la parole, plus ou moins intense, existe aussi, de l’aveu de tous les auteurs, assez fréquemment à la suite des hémorragies cérébrales ; bien qu’il diffère notablement, aux yeux d’un médecin exercé, de celui de la paralysie générale, on comprend que, malgré ces différences, ce soit là une sorte d’analogie qui peut quelquefois devenir cause d’erreur.

Quant à l’hémiplégie, c’est certainement, surtout lorsqu’elle est franche et complète, un excellent signe distinctif ; mais son existence est loin de suffire au diagnostic, comme on le croit généralement. Il est, en effet, un certain nombre de paralysies générales qui peuvent présenter à certaines périodes de leur cours, et même au début, une prédominance de la paralysie dans l’un des côtés du corps ; cette paralysie latérale est, il est vrai, ordinairement incomplète et temporaire, mais elle peut cependant simuler l’hémiplégie véritable ; d’un autre côté, dans l’hémorragie cérébrale, une hémi-