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toutes les périodes de la maladie et persiste jusqu’à la fin. Le propre de cette forme spéciale de paralysie, en effet, est de débuter d’une manière si légère, que l’on peut même contester avec raison que ce soit, à cette époque, une véritable paralysie. On peut la considérer avec plus de justesse, pendant très longtemps, comme une simple irrégularité dans les mouvements ; elle est alors conciliable avec la conservation d’une vigueur musculaire assez prononcée et n’aboutit que lentement à une débilité réelle. À la fin même de la maladie, les malades, contraints de rester couchés, peuvent néanmoins toujours remuer les bras et les jambes dans leur lit, et l’existence d’une paralysie complète chez ces malades, même à cette période, indique à coup sûr une complication intercurrente.

3oElle est progressive, mot dont on a singulièrement abusé, et qu’on a interprété dans des sens très divers et tout à fait contraires à l’idée de ceux qui l’ont employé les premiers. Il faut en effet entendre par ce mot que cette paralysie, qui se manifeste d’abord d’une manière presque insensible dans toutes les parties du corps à la fois, augmente progressivement d’intensité dans les points primitivement affectés, quoiqu’elle n’arrive jamais à être complète dans aucun ; ce mot ne signifie nullement que la paralysie soit progressive ou s’étende d’une partie attaquée à une autre qui ne le serait pas encore.

4oEnfin elle est dès le début accompagnée d’embarras de la parole. Ce symptôme, d’abord à peine appréciable, va ensuite graduellement en augmentant d’intensité, participe en un mot des caractères de la paralysie, est une des premières manifestations de la maladie et persiste, à des degrés divers, pendant toute sa durée, excepté dans quelques cas exceptionnels, où il peut disparaître momentanément pendant quelque temps.

L’oubli de ces quatre caractères nous paraît avoir été la cause principale des confusions dans lesquelles on est tombé. Plusieurs auteurs, en effet, se sont souvent contentés d’un seul ou de deux de ces caractères, en l’absence des autres, pour faire figurer un fait dans le cadre de la paralysie générale ; ils ont négligé, non seulement les symptômes autres que la paralysie, mais même les caractères spéciaux de cette paralysie. Le plus souvent, ils n’ont fait attention qu’à un seul fait, à savoir : à la paralysie des deux côtés du