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été faites ; nous insisterons surtout sur les circonstances qui rendent ces erreurs possibles et nous indiquerons les moyens généraux de diagnostic pour chacune de ces maladies. Nous n’avons certainement pas la prétention de donner un diagnostic différentiel rigoureux et applicable à tous les cas, sans exception ; ce diagnostic est infiniment plus difficile, dans certaines circonstances, qu’on ne le croit généralement ; il nous paraît même quelquefois presque impossible dans l’état actuel de la science. Notre but unique est de fixer l’attention sur les difficultés et la nécessité de ce diagnostic différentiel et d’indiquer en passant quelques signes qui nous semblent de nature à l’éclairer. Il nous paraît devoir reposer sur deux ordres de considérations. Il se base d’abord sur les signes tirés de l’ensemble des symptômes et de la marche des maladies. Sous ce rapport, nous n’aurons qu’à opposer les caractères que nous avons assignés à la folie paralytique, dans la première partie de ce travail, à ceux qui appartiennent aux diverses maladies que nous examinerons. Mais ce diagnostic doit être basé également sur les caractères propres à la paralysie elle-même. Or, avant d’entrer dans l’examen détaillé des diverses maladies, il est tout à fait nécessaire de rappeler ces caractères que l’on nous semble avoir trop oubliés, dont la réunion est indispensable pour constituer la paralysie spéciale qui nous occupe et qui deviendront notre principal criterium pour le diagnostic différentiel.

Les auteurs qui les premiers ont décrit, chez les aliénés, cette paralysie, que l’on a retrouvée depuis chez des individus non encore aliénés, lui avaient assigné quatre caractères principaux ; ils avaient dit : elle est générale, incomplète, progressive, et, dès le début, accompagnée d’embarras de la parole. Il suffit de développer ces quatre faits pour y trouver la clef de la plupart des difficultés du diagnostic.

1oElle est générale, c’est-à-dire qu’elle atteint primitivement toutes les parties du corps, d’une manière d’abord à peine sensible, sans qu’on puisse préciser exactement les points par lesquels elle débute, autres que ceux où la délicatesse des actes à exécuter trahit plus facilement, aux yeux de l’observateur, la légère irrégularité qui existe dans la coordination des mouvements.

2oElle est incomplète, caractère très important, qui s’observe à