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auteurs ont insisté sur la fréquence de ces attaques dans cette forme de maladies mentales ; mais ils ne me paraissent pas avoir suffisamment fait remarquer que les attaques de ce genre ne surviennent presque jamais dans aucune autre espèce de folie. Des attaques apoplectiques ou épileptiques ordinaires peuvent bien s’y produire, quoique très rarement, à titre de complication accidentelle ; mais ces attaques ne caractérisent aucune autre forme de maladie mentale en particulier ; il suffit, pour s’en convaincre, de séjourner un certain temps dans un asile d’aliénés. Entre autres preuves, je me bornerai ici à renvoyer au travail de M. Thore[1] qui signale lui-même que le plus grand nombre des aliénés chez lesquels on constate des convulsions sont des aliénés paralytiques ; il admet, il est vrai, quelques exceptions, mais il reconnaît qu’elles sont excessivement rares. Des réflexions de même nature pourraient être faites relativement aux attaques apoplectiques et congestives qui peuvent, à la rigueur, survenir accidentellement chez la plupart des aliénés, mais qui ne sont liées d’une manière caractéristique qu’avec la seule forme paralytique.

Enfin un dernier élément très important, qu’il ne faut pas négliger dans le résumé des caractères de la marche de la folie paralytique, c’est celui de la durée moyenne de cette maladie. Les autres formes de maladies mentales, en effet, guérissent dans un temps indéterminé, ou bien passent à la chronicité et se perpétuent indéfiniment pendant de longues années, sans que leur durée ait rien de limité : la folie paralytique, au contraire, se prolonge ordinairement pendant un ou deux ans au moins, le plus souvent pendant trois ans, quelquefois même pendant quatre ans, mais dure très rarement plus longtemps. On a bien prétendu avoir observé quelques cas de paralysie générale aiguë, mais nous verrons plus loin que ces faits sont loin d’être probants. Il est aussi quelques cas exceptionnels dans lesquels cette affection se perpétue pendant de longues années, mais ces faits de durée excessive sont loin de pouvoir être considérés comme appartenant tous à cette maladie d’une manière certaine ; d’ailleurs ce n’est pas un aussi petit nombre de faits qui

  1. Thore, Maladies incidentes des aliénés. (Annales médico-psychologiques, t. VIII, p. 360 et suiv.)