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amélioration n’a pas une très longue durée, et l’on voit très souvent se reproduire, peu de temps après, des phénomènes aussi graves ou même plus graves que ceux qu’on avait observés. Nous avons même vu, chez plusieurs paralytiques, cette intermittence des symptômes graves se produire pendant quelque temps, de deux jours l’un, avec assez de régularité. En général, ce n’est qu’à la suite d’un certain nombre d’alternatives ou d’oscillations de ce genre, que le malade finit par tomber définitivement dans un état d’affaiblissement extrême dont il ne se relève plus, et qui n’a plus d’autre issue que la mort. Celle-ci survient de diverses manières, et souvent seulement après une grande prolongation de la dernière période. Les paralytiques meurent rarement par l’effet de leur maladie même, excepté quand ils succombent à la suite d’une ou de plusieurs attaques ; le plus souvent, ils sont enlevés par des affections intercurrentes des autres organes, principalement par des pneumonies, souvent latentes, résultant probablement d’un long décubitus dorsal, par des diarrhées colliquatives durant quelquefois plusieurs mois, ou bien enfin, ce qui est très fréquent, ils succombent à la suite d’escarres très profondes et très étendues, provenant soit de la pression constante des parties du corps reposant sur le lit, soit du contact prolongé des déjections alvines et urinaires.

Je dois ajouter que plusieurs fois il m’est arrivé de constater chez ces malades une mort presque subite, survenant par exemple dans l’espace d’une nuit, sans qu’il fût possible de découvrir, à l’autopsie, aucune lésion appréciable qui pût rendre compte d’une mort aussi rapide ; mais on conçoit combien on doit apporter de réserves dans une assertion de cette nature.

Résumé des caractères spéciaux de la marche. — Après avoir décrit la marche de la folie paralytique, il nous reste maintenant à récapituler les faits principaux qui permettent de l’opposer à la marche des autres maladies, et principalement des autres formes de la folie. Je sais combien il y a d’inconvénient à envisager la folie, dans son ensemble, comme une unité morbide, sans tenir aucun compte des formes diverses qu’elle renferme, formes que l’on a encore si peu étudiées, surtout au point de vue de leur marche. Néanmoins la folie paralytique est tellement spéciale dans l’ensemble de ses symptômes et dans leur évolution, que, sans vouloir assimiler les unes aux autres les