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maladie ; elles se reproduisent assez fréquemment à divers intervalles, sont suivies pendant quelques jours d’un embarras plus grand de la parole, d’une faiblesse musculaire quelquefois telle, qu’on est obligé de laisser au lit les malades pendant quelques jours, et d’un affaiblissement si notable de l’intelligence, que ces aliénés comprennent à peine, pendant ce temps, les questions qui leur sont adressées. Les attaques plus intenses, qui seules méritent le nom d’apoplectiformes, accompagnées de perte de connaissance complète, mais momentanée, sont quelquefois suivies d’une impossibilité presque absolue de parler, et enfin d’une oblitération presque complète de l’intelligence. Mais ces phénomènes si graves sont en général de courte durée ; quelques jours après ces attaques, les malades sont ordinairement revenus à leur état antérieur, ou même à un état plus favorable, jusqu’à ce qu’un nouvel accès reproduise de nouveau les mêmes symptômes. Il en est absolument de même des attaques convulsives ou épileptiformes, dont le nom indique suffisamment les caractères, qui sont beaucoup plus rares que les attaques simplement congestives, et dont le pronostic est beaucoup plus grave ; ordinairement les malades ne vivent pas longtemps après la production d’une et surtout de plusieurs attaques convulsives, tandis qu’ils résistent beaucoup plus longtemps à de nombreuses attaques congestives.

Ce qui est surtout important à noter dans la marche de cette maladie à cette période, comme à toutes les périodes antérieures, c’est l’excessive inégalité qui existe dans l’intensité des divers phénomènes d’un moment à l’autre, et l’existence de rémissions assez nombreuses et vraiment très marquées, alternant avec des recrudescences et des paroxysmes excessivement prononcés. Tel malade qui, à la suite d’une attaque ou même sans attaque, est arrivé à un degré très avancé de la maladie, au physique et au moral, qui ne peut quitter le lit, dont la parole est très embarrassée, et dont l’intelligence est à peine susceptible de comprendre les plus simples questions, revient souvent au bout de quelques jours à un état d’amélioration relative tellement manifeste, qu’on le voit marcher seul sans aucun point d’appui, parler d’une manière très compréhensible, exprimer des idées analogues à celles qu’il avait avant l’aggravation excessive dont on vient d’être témoin ; en un mot, il semble revenu à une période antérieure de la maladie ; mais ordinairement cette