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celui-là augmente, et en même temps la docilité de celui-ci ; les autres enfans même l’accompagnent en nageant et l’animent par leurs cris et par leurs discours. Avec ce dauphin en était un autre (ceci n’est pas moins merveilleux) qui ne servait que de compagnon et de spectateur : il ne faisait, il ne souffrait rien de semblable, mais il menait et ramenait l’autre, comme les enfans menaient et ramenaient leur camarade. Il est incroyable, mais pourtant il n’est pas moins vrai que tout ce qui vient d’être dit, que ce dauphin qui jouait avec cet enfant et qui le portait avait coutume de venir à terre, et qu’après s’être séché sur le sable, lorsqu’il venait à sentir la chaleur, il se rejetait à la mer. Il est certain qu’Octavius Avitus, lieutenant du proconsul, emporté par une vaine superstition, prit le temps que le dauphin était sur le rivage pour faire répandre sur lui des parfums, et que la nouveauté de cette odeur le mit en fuite et le fit sauver dans la mer. Plusieurs jours s’écoulèrent depuis sans qu’il parût ; enfin il revint d’abord languissant et triste ; et peu après ayant repris ses premières forces, il recommença ses jeux et ses tours ordinaires. Tous les magistrats des lieux circonvoisins s’empressaient d’accourir à ce spectacle : leur arrivée et leur séjour engageaient cette ville, qui n’est pas déjà trop riche, à de nouvelles dépenses et achevaient de l’épuiser. Le concours du monde y troublait d’abord et y dérangeait tout. On prit donc le parti de tuer secrètement le dauphin qu’on venait voir ! Avec quels sentimens ne pleurerez-vous pas son sort ! avec quelles expressions, avec quelles figures ne relèverez-vous point cette histoire, quoiqu’il ne soit pas besoin de votre art pour l’augmenter ou l’embellir et qu’il suffise de ne rien ôter à la vérité ! Adieu. » (Trad. de M. de Sacy.)

On a de petites nasses tissues de joncs très-serrés, dont la forme est celle des paniers connus sous le nom de talares, etc. Les talares étaient des paniers oblongs où les personnes du sexe mettaient leur laine et qui servaient aussi à d’autres usages.

Ils s’en servent ensuite pour faire passer sur de riches étoffes leur belle, leur superbe teinte pourpre, etc. L’espèce de pourpre qui fournissait aux anciens cette belle couleur du nom de ce mollusque est, à ce qu’on croit, celle qui dans la nomenclature de ces animaux porte le nom de purpura patula. Il en existe une autre espèce nommée purpura capillus dont on se sert maintenant dans le Nord pour colorer en rouge.

Je ne crois pas qu’il y ait de pêche qui présente de plus rudes combats, de plus déplorables travaux à ceux qui s’y livrent que celle des éponges, etc. Les éponges, dit M. de Lamarck, sont des polypiers polymorphes constituant une masse flexible et poreuse, ayant une croûte, substance gélatineuse, irritable dans l’état frais et se desséchant à la sortie de la mer, ayant le plus grand rapport avec les alcyons et s’en distinguant en ce que dans l’état sec, ils sont plus mous, moins encroûtés, qu’ils offrent dans l’état frais une matière gélatineuse qu’on ne voit point dans les alcyons.

Princes chéris de Jupiter, ô mes souverains ! telles sont les diverses merveilles, les scènes variées, ouvrages de la nature et de l’art, que nous offrent les mers et dont j’ai recueilli la connaissance. Le grec dit seulement : « Toss’ edaēn, skeptouche diotrephes, erga thalessēs. » Mot à mot : « Prince chéri de Jupiter, tel est le grand nombre des travaux des mers que j’ai connus. » — Tot, princeps generose, maris novimus artes, traduit Lippius. J’ai cru devoir donner plus de développement au mot erga, le vers où il se trouve étant la péroraison de ce poëme, dont il exprime l’objet et le contenu. J’aurais pu me contenter de mettre : « Tel est le grand nombre des merveilles des mers venues à ma connaissance. » Ce que j’ai ajouté me paraît terminer beaucoup mieux l’ouvrage dans lequel il est réellement question de tout ce que la nature et l’art présentent de curieux et d’utile concernant les animaux des mers. Je craindrais sans cela que cette péroraison ne parût trop concise et trop brusque.

FIN DES REMARQUES SUR LA PÊCHE D’OPPIEN.