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leur enlevez aussitôt leurs richesses, leur nourriture et vous frappez les coupables eux-mêmes. Alors l’océan fait entendre d’étranges mugissemens, les chênes tombent avec fracas sur le sol, et l’écho céleste retentit du bruit de leur chute. O Curètes, Corybantes, redoutables et tout-puissans princes de la Samothrace, descendans illustres de Jupiter, souffles éternels, vous qui aimez le froid, vous qui habitez les temples des deux ciels, vous dont le souffle est agréable et donne la santé, dieux qui amenez les saisons, qui engendrez les fruits, dieux tout-puissans, salut.

XXXVIII.

PARFUM DE LA MÈRE CÉRÈS D’ÉLEUSIS.

Le Styrax.

Bonne Cérès, mère des dieux, la plus illustre des divinités, vénérable déesse, dispensatrice de tous les biens, toi qui nous donnes les fruits et les moissons, toi qui n’aimes que la paix et les travaux de la campagne, Cérès qui sèmes les guérets, qui les fertilises, et leur fais produire des récoltes, qui règnes dans les sanctuaires de l’étroite Éleusis, nourrice aimable, douce et bienveillante des mortels, qui la première as appris aux laboureurs à joindre les bœufs sous le joug, à les atteler à la charrue, toi qui par tes charmes rends la vie agréable et facile pour les hommes, amie de Bacchus, déesse justement honorée, toi qui fais croître les moissons et te plais à les voir faucher ; déesse qui souris à tous les hommes, mère pleine de tendresse pour ta fille nourricière céleste, qui, joignant des couleuvres sous les rênes de ton char, te promènes par de larges détours dans les champs sacrés ; déesse unigène, vénérée des mortels, à qui s’adressent les prières et les vœux accompagnés d’offrandes et de fruits, me voilà devant toi chargé d’un beau présent d’épis ; accorde-nous la paix et la concorde, qui respecte tous les droits sacrés ; accorde-nous les abondantes richesses de la fertilité et la santé, le plus précieux de tous les dons.

XXXIX.

ENCENS DE MISA.

Le Styrax.

J’invoque Bacchus, porteur d’une férule, Bacchus législateur, illustre divinité à deux sexes, reine pure et sacrée, homme et jeune fille à la fois, femme à doubles formes, soit qu’il s’abandonne à la joie dans le temple odorant d’Éleusis, soit que, dans la Phrygie, il accomplisse des mystères sacrés avec la mère des dieux, soit qu’elle séjourne dans Cypre avec la charmante Cythérée, soit qu’elle se livre à la danse au milieu des champs couverts de moissons avec sa mère sacrée Isis, et qu’elle se trouve au milieu de ses prêtresses sur les bords de l’Égyptus ; sois-nous favorable, grande déesse et accorde-nous des récompenses sacrées.

XL.

PARFUM DES SAISONS.

Les Aromates.

Saisons, filles chéries de Jupiter et de Thémis, paix bienheureuse, la plus féconde des déesses, vous qui nous comblez de biens ; Saisons verdoyantes, fleuries en gazons, pures et délicieuses ; Saisons aux mille couleurs et respirant une charmante haleine ; Saisons toujours vertes, toujours changeantes et bien aimées ; compagnes des jeux de Proserpine, qui portez des fleurs dans vos tuniques ondoyantes de rosée lorsque les parques et les grâces la rappellent des charmans détours des bois afin qu’elle assiste à leurs solennités par l’ordre de Jupiter et de sa mère Cérès, qui produit des fruits, soyez favorables à nos pieux sacrifices, apportez-nous le secours des douces haleines qui font mûrir les fruits.

XLI.

PARFUM DE SÉMÉLÉ.

Le Styrax.

Je t’invoque, fille illustre, née du prince Cadmus, belle Sémélé, beauté au sein ravissant, mère de Bacchus joyeux, qui porte une férule ! Jeune fille, tu conçus de l’éternel Jupiter, et la foudre fit sortir ton fils de tes entrailles. La florissante Proserpine te jugea digne de l’honneur de te faire participer aux Triennales, qui sont instituées pour célébrer ton fils Bacchus. Je t’en prie, déesse, née du prince Cadmus, sois favorable à tes prêtres, sois-nous propice.