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BACCHYLIDE,

TRADUIT PAR M. ERNEST FALCONNET.

VIE DE BACCHYLIDE.

Bacchylide, selon Strabon, était neveu de Simonide. Il était né dans la ville d’Alcmènes en Béotie et vivait dans la quatre-vingt-unième olympiade. Plutarque, dans son livre de l’Exil, prétend que ce fut dans le Péloponèse que Bacchylide se livra à la composition lyrique. Les auteurs nous apprennent qu’il avait composé des hymnes opopemliques dans lesquels il racontait les voyages de Bacchus sur la terre. Horace a imité de lui et presque entièrement traduit sa belle ode Pastor cùm traheret per fréta navibus ; Bacchylide lui-même dans cette poésie n’avait fait que rendre en grec la prophétie de Cassandre. Ammien Marcellin nous raconte que l’empereur Julien aimait tellement Bacchylide qu’il puisa dans ses vers tout un plan de conduite et qu’il adopta, surtout ses principes sur la chasteté.. Les interprètes de Pindare nous avouent que les Pythiques de Bacchylide avaient hautement la préférence sur les siennes au jugement d’Hiéron. Nous ne savons rien de plus de la vie de Bacchylide. Il ne nous reste de lui que les fragmens qui suivent.


I.

SUR LA PAIX.

La Paix, déesse immortelle et bienveillante, verse sur la terre l’abondance et les fleurs des beaux vers qui tombent des bouches d’or ; elle relève les autels abattus et profanés. Quand elle est dans tout son éclat, on brûle en l’honneur des dieux les cuisses des bœufs succulents et les épaules des grasses brebis : les jeunes guerriers ne sont plus armés que de cestes ; ils reprennent les jeux du gymnase, leurs flûtes et leurs amours innocents ; ils déposent dans un coin ténébreux leurs boucliers terribles, que les araignées auront bientôt recouverts de leurs toiles. La rouille use leurs haches et leurs épées. Les oreilles ne résonnent plus du bruit effrayant du clairon ; le sommeil plus doux que le miel vient clore doucement nos paupières. Nos sens sont enchantés par des rêves délicieux ; partout recommencent d’agréables festins longtemps interrompus, et les hymnes d’amour retentissent dans nos villes charmées.

II.

SUR LE VÉRITABLE COURAGE.

Il n’y a dans ce monde qu’une route pour conduire au bonheur : c’est de préserver son âme de l’excès de la souffrance, de ne jamais se laisser abattre par les malheurs qui assiègent notre vie. Vous ne faites pas ainsi, si mille pensées cruelles vous tourmentent, si jour et nuit votre cœur est ouvert à toutes les inquiétudes de l’avenir : au milieu de vos efforts inutiles, vous n’êtes plus qu’un lâche, un homme perdu.

III.

SUR LE BONHEUR.

Heureux celui à qui le ciel accorde une part assez grande de biens pour couler doucement ses jours. Ils ne sont pas toujours calmes, et souvent bien des nuages viennent les troubler, car le bonheur parfait n’appartient pas à notre faible nature.

IV.

L’amour de l’or remporte trop souvent la victoire quand il combat contre une vertu trop faible.

V.

La pierre de Lydie découvre l’or pur et vé-