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Bacchus, Bacchus, l’inventeur des danses, Bacchus l’ami des chansons, Bacchus, le compagnon de l’amour, Bacchus, l’amant de Cythérée, lui qui nous donna la joie, lui qui enfanta les Grâces, lui qui charme la tristesse, lui qui endort tous les chagrins. Enfants, apportez-nous un doux mélange de nectar et de miel, et la triste douleur fuira sur l’aile des vents dans les mers orageuses. Prenons cette coupe et chassons les chagrins. Que te servira-t-il de gémir sur tes soucis ? Tu ne peux connaître l’avenir ; la vie des mortels est incertaine. Hé bien ! Je veux être ivre, je veux danser, je veux être couvert de parfums et jouer avec de belles femmes. Qu’ils s’abreuvent de chagrins ceux qui veulent s’en abreuver ; mais nous, soyons joyeux, buvons du vin, chantons Bacchus.


XLII.

Érotique

J’aime les danses de Bacchus, ami des jeux ; j’aime à jouer de la lyre avec un jeune et beau convive ; j’aime mieux encore, le front couronné d’hyacinthes, folâtrer avec de jeunes vierges. Je ne connais pas l’envie mordante ; je fuis les traits acérés d’une langue ironique ; je hais les combats que le vin engendre au milieu des festins nombreux. Avec de jeunes vierges semblables à la fleur nouvellement épanouie, conduisant les chœurs au son de ma lyre, je porte légèrement le poids de la vie.

XLIII.

Sur la cigale

Heureuse cigale, sur la cime des arbres tu bois un peu de rosée et tu chantes comme la reine de la lyre. Toutes les belles choses que tu regardes dans les champs sont à toi, tout ce que produisent les saisons t’appartient. Tu es aimée du laboureur, car tu ne fais de mal à personne ; tu es honorée des mortels, agréable messagère de l’été ; tu es chère aux Muses ; tu es chère à Apollon lui-même : il t’a donné une voix harmonieuse ; la vieillesse ne t’accable point. Sage enfant de la terre, amante des chants joyeux, exempte de maux, n’ayant ni chair ni sang, tu es semblable aux dieux.

XLIV.

Songe

J’avais un songe. Je croyais courir, mes épaules portaient des ailes ; l’Amour, ses beaux pieds chargés de plomb, me poursuit et m’atteint. Que veut dire un songe pareil ? Je pense qu’enchaîné par beaucoup d’amour, si j’ai pu échapper aux autres, celui-ci me retient pour toujours.

XLV.

Sur les traits de l’amour

L’époux de Cythérée, dans les antres de Lemnos, forgeait avec l’acier les traits de l’Amour. Cypris trempait leur pointe dans la douceur du miel, mais Cupidon y mêlait de l’amertume. Mars, au retour des combats, secouant sa lame pesante, parlait avec mépris des traits de l’Amour : « Celui-ci est pesant, dit Cupidon, éprouve, tu verras. » Mars saisit le trait, Cypris sourit et le dieu des combats en gémissant s’écrie : « II est lourd, reprends ce trait. — Garde-le » dit l’Amour.

XLVI.

Sur l’amour

Il est dur de ne pas aimer, il est dur aussi d’aimer ; mais il est bien plus dur encore d’aimer sans être heureux. En amour, la naissance est méprisée, la raison et la sagesse sont dédaignées : l’argent seul est estimé. Périsse, périsse le premier qui aima ce vil métal : à cause de lui plus de frères, à cause de lui plus de parents ! Il engendre les guerres et les meurtres, et ce qu’il y a de pire, c’est que les amants périssent faute d’argent.

XLVII.

Sur un vieillard

J’aime un vieillard joyeux, j’aime un jeune homme qui danse. Un vieillard lorsqu’il danse, vieux par ses cheveux blancs, est encore jeune par le cœur.

XLVIII.

Sur Bacchus

Le dieu qui rend le jeune homme actif aux