Page:Falconnet - Petits poèmes grecs, Desrez, 1838.djvu/266

Cette page n’a pas encore été corrigée

blanche chevelure ; parce que tu es la fleur vivante de beauté, ne dédaigne pas ma flamme : vois comme la blancheur des lis se marie bien à des roses enlacées en couronnes.


XXXV.

Sur Europe

Enfant, ce taureau me semble représenter Jupiter : il porte sur son dos une femme de Sidon, et de ses pieds il fend les flots écumeux de la mer. Quel autre taureau, échappant aux yeux vigilants du pâtre, franchirait ainsi l’immensité des ondes si ce n’est Jupiter lui-même ?


XXXVI.

Il faut jouir de la vie

Pourquoi m’apprendre les lois et les sophismes des rhéteurs ? À quoi me servent de pareils discours ? Certes, il vaut bien mieux m’apprendre à boire la douce liqueur de Bacchus, à jouer avec la belle Cypris. Déjà ma tête se couronne de cheveux blancs. Enfant, apporte-moi de l’eau et du vin écumant : il plonge mon âme dans l’oubli des peines. Bientôt après tu me couvriras d’un linceul : les morts n’ont plus de désirs.


XXXVII.

Sur le printemps

Vois comme le printemps fleurit, comme les Grâces sèment les roses ! Vois comme les flots de la mer sourient calmes et unis ! Vois comme le plongeon sillonne l’onde ! Vois comme la grue fend les airs ! Le soleil nous darde tous ses rayons, les nuages passent et répandent leurs ombres tremblantes, la terre se couvre de fruits et montre l’olivier naissant, la vigne se couronne de ses bourgeons : à travers les feuilles, à travers les épais rameaux se montre le fruit impatient.


XXXVIII.

Sur lui-même

Je suis vieux, il est vrai, mais je bois plus que les jeunes gens ; et si je veux danser, une outre devient mon sceptre, je n’ai besoin d’aucun appui. Que celui qui veut combattre se présente et combatte. Apporte ma coupe, jeune enfant, et que le miel tempère le doux vin. Je suis vieux, il est vrai, mais en dansant au milieu de vous, j’imiterai encore Silène.


XXXIX.

Sur un banquet

Quand je bois du vin, la joie descend dans mon cœur et je me mets à célébrer les Muses.

Quand je bois du vin, je chasse loin de moi les inquiétudes ; les pensées désolantes s’envolent sur les ailes des vents qui tourmentent les mers.

Quand je bois du vin, le joyeux Bacchus me balance dans les airs parfumés après m’avoir enivré de sa douce liqueur.

Quand je bois du vin, je tresse des couronnes de fleurs, je les pose sur ma tête et je chante le calme de la vie.

Quand je bois du vin, j’inonde mon corps des parfums d’une essence odorante, je presse dans mes bras une jeune fille et je chante Cypris.

Quand je bois du vin, je noie mon esprit dans les coupes profondes, et je folâtre joyeusement avec un essaim de jeunes vierges.

Quand je bois du vin, c’est un gain véritable, le seul que je puisse emporter avec moi, car mourir est notre lot commun


XL.

Sur l’amour

Un jour Cupidon n’aperçut pas une abeille endormie dans des roses ; il fut piqué. Blessé au petit doigt de la main, il sanglote, il court, il vole vers la belle Cythérée : « Je suis perdu, ma mère, je suis perdu ; je me meurs : un petit serpent ailé m’a piqué ; les laboureurs le nomment abeille. » Vénus lui répondit : « Si l’aiguillon d’une mouche à miel te fait souffrir, ô mon fils ! combien penses-tu que doivent souffrir ceux que tu atteins de tes coups. »


XLI.

Sur un banquet

Soyons joyeux, buvons du vin, chantons