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de te parfumer ! Que je sois la bandelette de ta gorge, la perle, ornement de ton cou ou seulement ta chaussure pour être au moins pressé par tes pieds délicats.


XXI.

Sur lui-même

Donnez, donnez, ô femmes ! Que je boive à longs traits la liqueur de Bacchus ! C’est en vain que je bois, je gémis sous la chaleur. Donnez-moi de ces fleurs nouvelles, mon front embrasé brûle les couronnes qu’il porte. Mais, ô mon cœur ! comment éteindre le feu des amours ?


XXII.

À Bathylle

Sous cet ombrage frais, Bathylle, repose-toi. Le bel arbre ! Il agite délicieusement sur ses rameaux sa chevelure délicate ; la voix persuasive d’une source limpide nous invite auprès de lui : qui donc pourrait passer sans s’arrêter sous ce charmant asile ?


XXIII.

Sur l’amour de l’or

Si l’or pouvait prolonger la vie des mortels, avec quel soin je garderais le mien ! Et quand la mort viendrait, elle en prendrait quelque peu et s’en irait. Mais s’il n’est pas en la puissance de l’homme d’acheter la vie, pourquoi gémir en vain ? Pourquoi soupirer ? S’il faut mourir, à quoi l’or me sert-il ? Oh ! J’aime bien mieux boire, et, quand j’ai bu le doux nectar, me réunir à mes amis et sur une couche moelleuse sacrifier à Vénus.


XXIV.

Sur lui-même

Je suis né mortel et pour parcourir le chemin de la vie : je sais bien la course que j’ai faite, mais j’ignore celle qui me reste encore à faire. Fuyez donc, fuyez donc, tristes soucis ; qu’il n’y ait rien de commun entre vous et moi. Avant d’arriver au terme fatal, je veux jouer, rire et danser avec le joyeux Bacchus.


XXV.

Sur lui-même

Quand je bois du vin, les chagrins s’endorment. À quoi bon les gémissements ? À quoi bon les peines et les inquiétudes ? Il faut mourir, même quand je ne le voudrais pas. Pourquoi donc errer dans la vie ? Buvons, buvons le nectar du joyeux Bacchus ! Quand nous buvons, les chagrins s’endorment.


XXVI.

Sur lui-même

Dès que Bacchus m’apparaît, mes chagrins s’endorment, je crois posséder tous les trésors de Crésus, et je fais entendre des sons plus aimables. Étendu sur ma couche mollement, couronné de lierre, il n’est rien que je ne foule aux pieds. Combattez, moi je bois. Donne-moi ma coupe, jeune enfant ; j’aime bien mieux tomber ivre que mort.


XXVII.

Sur Bacchus

Quand ce fils de Jupiter, ce riant Bacchus qui délivre les soucis, vient s’emparer de mon âme, sa douce liqueur m’enseigne à danser.


XXVIII.

À une jeune fille

Allons, peintre habile, toi qui règnes à Rhodes sur un art fameux, peins ma maîtresse absente, peins-la comme je vais te le dire. Peins d’abord des cheveux fins et noirs, et, si la cire le permet, qu’ils exhalent de doux parfums ; sur le côté des joues arrondies, peins des boucles flottantes, et sous une chevelure d’ébène, peins le haut d’un front d’ivoire ; aie soin de ne pas confondre et de ne pas séparer les sourcils : fais-les expirer insensiblement à leurs extrémités ; montre avec vérité ses yeux de flamme, azurés comme ceux de Minerve, humides comme ceux de Vénus ; peins son nez et ses joues en mêlant des roses avec du lait ; peins des lèvres où repose la persuasion et qui appellent le baiser ; sous un menton délicat, autour d’une gorge d’albâtre, que toutes les Grâces viennent folâtrer : revêts-la de pourpre et ne laisse voir qu’un peu d’at-