I.
Sur sa lyre
Je veux chanter les Atrides, je veux aussi chanter Cadmus ; mais les cordes de ma lyre ne résonnent que pour l’amour. Je les ai d’abord changées, puis j’ai fait choix d’une autre lyre, et je célébrai les luttes d’Hercule ; mais ma lyre me répondait par un chant d’amour. Adieu donc, héros ! Adieu pour jamais ! Ma lyre ne peut chanter que les amours.
II.
Sur les femmes
La nature a donné aux taureaux des cornes, aux coursiers de durs sabots, aux lièvres la légèreté, aux lions un gouffre armé de dents, aux poissons les nageoires, aux oiseaux les ailes, aux hommes la prudence. Il ne restait rien pour les femmes. Que leur donna-t-elle donc ? La beauté, qui leur sert à la fois de glaive et de bouclier : celle qui est belle triomphe du fer et du feu.
III.
Sur l’amour
Au milieu de la nuit, aux heures où l’Ourse tourne près de la main du Bouvier, où tous les mortels dorment appesantis par le sommeil, l’Amour arrive, et, frappant à ma porte, ébranle le verrou : "Qui frappe ainsi ? m’écriai-je. Qui vient rompre mes songes pleins de charmes ? — Ouvre, me répond l’Amour, ne crains rien, je suis petit ; je suis mouillé par l’orage, la lune a disparu et je me suis égaré dans la nuit." Entendant ces mots, j’en eus pitié ; j’allume ma lampe, j’ouvre et je vois un jeune enfant portant des ailes, un arc et un carquois ; je l’approche de mon foyer, je réchauffe ses petits doigts dans ma main, de l’autre j’essuie ses cheveux inondés de la pluie. Dès qu’il est ranimé : "Allons, dit-il, essayons mon arc ; voyons si l’humidité ne l’aurait point gâté." Il le tend et me perce le cœur comme le ferait une abeille, puis il saute en riant avec malice : "Mon hôte, dit-il, réjouis-toi, mon arc se porte bien, mais ton cœur est malade."
IV.
Sur lui-même
Etendu sur les tendres myrtes et sur les feuilles de lotos, je veux boire à longs traits ; l’Amour, rattachant à son cou d’albâtre les plis flottants de sa robe, me verse le nectar de Bacchus. Pareille a la roue d’un char, la vie précipite sa course, et dans la tombe il ne reste de nous qu’un peu de poussière.
À quoi bon garder ces parfums pour une pierre insensible ? À quoi bon répandre des dons précieux sur la terre ? Pendant que je vis encore, inondez-moi de douces odeurs, couronnez mon front de roses, appelez mon amie. Avant d’aller me mêler aux danses des morts, Amour, je veux chasser les soucis.
V.
Sur la rose
Unissons à Bacchus la rose d’Amour. Le front couronné de la rose des Amours, buvons avec un délicieux sourire. La rose est la plus belle des fleurs ; la rose est l’objet de tous les soins du printemps ; les roses sont la volupté des dieux mêmes. Le fils de Cythérée enlace des roses dans ses beaux cheveux quand il danse avec les Grâces. Couronnez-moi, et la lyre en main, ô Bacchus ! je danserai autour de tes autels couverts de roses avec une jeune vierge au sein d’ivoire.
VI.
Érotique
Le front couronné de roses, buvons avec une douce gaieté ! Une jeune fille aux pieds délicats, portant un thyrse, qui frémit, enlacé dans le lierre,